Le pain est un aliment qu’affectionnent les citadins. Que ce soit au kiosque, à la boutique ou au restaurant, la baguette (communément appelée miche de pain par certains) est omniprésente. C’est ainsi que des boulangeries ne cessent de s’ouvrir dans les quartiers. Très souvent, c’est par l’intermédiaire de livreurs que les clients de ces dernières achètent leur pain. Livreur de pain, un métier qui continue de faire son bonhomme de chemin, peut-on donc affirmer. Radars Info Burkina est allé à la rencontre de quelques livreurs de pain de la ville de Ouagadougou.
Il ne fait pas encore jour ce vendredi 27 septembre 2019. Nous prenons la direction d’une boulangerie située dans un quartier de la capitale. Il est 2h du matin lorsque nous y arrivons mais celle-ci est bel et bien ouverte. Des boulangers sont à la tâche. A l’entrée, nous apercevons quelques chariots ainsi que des motos tricycles alignés.
A la porte, nous croisons Achille Ouédraogo, un livreur de pain, qui pousse un chariot à pain vers la sortie. C’est un habitué des lieux. Il dit être arrivé quelques minutes avant nous.
«J’exerce cette activité depuis 1992. Je me lève à 1h du matin pour me rendre à la boulangerie et me procurer le pain que je livre plus tard à mes différents clients au plus tard à 5h 30. Au début, c’était avec une moto à courroie à laquelle était attelé un chariot que je faisais mes livraisons. En 2010, j’utilisais une moto à 4 Temps. Actuellement, c’est à l’aide d’un tricycle que je livre, vu que le nombre de clients s’est accru», nous raconte M. Ouédraogo tout en chargeant des baguettes de pain frais dans son tricycle. Ledit tricycle appartient à la boulangerie mais selon le contrat qui lie les deux parties, après 26 mois de service l’engin deviendra la propriété du livreur.
«Je livre 800 baguettes par jour. A la rentrée scolaire, ce nombre va passer à 1200 puisque pendant cette période je livre aussi les commerçantes de friandises de certains établissements. J’achète la baguette à 150 F CFA et la revends au même prix. A partir de 13h, je repasse chez chacun des clients que j’ai livrés pour procéder aux encaissements. Auparavant, on prenait le pain à crédit pour aller le vendre et revenir le lendemain verser l’argent à la caisse de la boulangerie. Mais à présent les choses ont changé », fait-il savoir.
Achille Ouédraogo perçoit auprès de la boulangerie une commission de 10 F CFA sur chaque baguette vendue. Dans le mois, il peut faire un bénéfice de l’ordre de 100 000 F CFA. C’est grâce au revenu généré par cette activité qu’il a pu fonder une famille et acquérir une parcelle dans laquelle il habite, nous a confié notre interlocuteur.
Toutefois, le métier de livreur de pain n’est pas sans risques et sans difficultés, admet-il. «Au tout début de l’activité, on était victime de braquages en allant livrer le pain au petit matin. Ensuite, c’est un travail auquel tu ne peux pas t’absenter et demander à quelqu’un d’autre de te remplacer. Enfin, vu qu’on est tenu de partir très tôt le matin pour nos livraisons, on est exposé au froid et au vent, ce qui occasionne la survenue de maladies. Comme c’est la saison des pluies actuellement, j’ai toujours des bâches dans mon tricycle pour parer à toute éventualité. Je dois aussi préciser qu’en cas de mévente, la boulangerie ne reprend pas le pain qui reste. Dans ces cas, c’est moi qui subis le préjudice », affirme Achille Ouédraogo tout en remplissant le carnet de commandes auprès de la caissière au comptoir.
Vers 3h du matin, 3 autres livreurs arrivent à la boulangerie. L’un d’eux, Oumar Zongo, nous confie : «La boulangerie avait besoin d’un livreur pour livrer le pain à un de ses clients qui ne parvient pas à rejoindre le comptoir. J’utilisais une moto avec un chariot. Par la suite, à mes propres frais j’ai acheté un tricycle parce que le nombre de clients avait augmenté. J’achète le pain à 150F et je le revends au même prix. Je peux livrer entre 1200 et 1300 baguettes par jour. Bientôt, c’est la rentrée scolaire et j’aurai plus de clients. »
Lui aussi évoque les difficultés liées à leur activité : les pannes mécaniques, le peu de sérieux de certains clients, les méventes…
Ces livreurs sont en contact direct avec un aliment prêt à être consommé. Il est donc important pour ces derniers de songer à leur hygiène corporelle et vestimentaire ainsi qu’à la propreté de leurs contenants pour la santé des consommateurs de pain.
Aly Tinto (Stagiaire)