Après quatre (04) tentatives infructueuses, le royaume chérifien pourra t-il enfin organiser la coupe du monde de 2026 ? Les obstacles sont nombreux, mais les reformes entreprises au sein de la FIFA donnent de l’espoir à l’Afrique d’abriter une deuxième fois la compétition.
Le football est dit-on, un sport universel. Il est vrai que ce sport a des adeptes partout dans le monde. Il est vrai que la Fédération Internationale de Football (FIFA) enregistre presque tous les pays et territoires du monde (211 fédérations membres) soit plus de membres que l’organisation des nations unies (ONU). Il est vrai qu’après les Jeux Olympiques, les matchs d’ouverture de la coupe du monde football sont les plus suivis avec plus de cinq milliards (5 000 000 000) de téléspectateurs. C’est dire qu’en termes d’exercice ou de pratique, le football est réellement.
Le management des instances du football laisse poser beaucoup de questions sur leur partialité. Ainsi en est-il de l’organisation. Depuis que la Coupe du monde a vu le jour en 1930, toutes les compétitions ont été organisées par des pays européens ou américains à l’exception notable des éditions de 2002 en Corée et au Japon et celle de 2010 en Afrique du Sud. Ce qui jetait un doute sur la fiabilité de la Fédération internationale de Football Association(FIFA) et qui a été révélée en 2010 par la justice américaine. En effet, après avoir été battu par le Qatar pour l’organisation de la coupe du monde 2022, les Etats unis ont lancé un certain nombre d’enquêtes qui ont mis à nu certaines pratiques pas toujours orthodoxes au sein de l’institution dont le siège est à Zurich en Suisse. Même si l’on peut polémiquer sur les raisons de toutes ces enquêtes, c'est-à-dire si elles n’émanent pas tout simplement d’un mauvais perdant, elles ont prouvé ce que nombre d’observateurs du football soupçonnaient déjà.
Nouveaux critères pour abriter la compétition
Les changements de règles pour l’attribution du mondial 2026 laissent perplexe et le Maroc a vite fait de dénoncer un manque d’ « équité et de transparence de la procédure de candidature du ou des pays hôte(s) pour l’organisation de la coupe du monde 2026 » ; en cause, la formulation par la FIFA de nouveaux critères la veille même du dépôt de dossiers techniques de candidature. Au nombre de ces critères, il y a la nécessité d’avoir une capacité aéroportuaire de soixante (60) millions de passagers par an, une distance maximale de 90 minutes entre l’aéroport et les villes hôtes qui doivent avoir au moins 250 000 habitants, l’augmentation de la taille des fans zones. Si l’augmentation du nombre de participants à quarante-huit (48) peut faire comprendre ces changements, le timing lui, parait plus que suspect.
Promesses de transparence
Un changement de règles de dernière minute qui détonne d’autant que la présidence de l’institution est désormais assurée par Gianni Infantino qui avait fait de la transparence son cheval de bataille. Et qui a introduit un certain nombre de reformes notamment en matière d’organisation des éditions de coupes du monde. L’organisation de la prestigieuse compétition sportive est donc soumise à un certain nombre de critères que sont entre autres la transparence qui implique que chaque étape de la procédure de candidature soit ouverte au grand public. Le contenu des dossiers de candidature ainsi que les critères d’organisation seront ainsi tous publiés, de même que les rapports d’évaluation de chaque candidature. C’est sur la base de ces rapports que le conseil de la FIFA doit juger des candidatures qui répondent aux normes avant que celles-ci soient soumises au vote du congrès. Mais au préalable, la procédure de candidature sera soumise à une règle de bonne conduite qui sera évaluée par une société d’audit indépendante nommée par la FIFA.
Ce critère peut être perçu comme une chance pour le Maroc qui dispose de moyens largement inférieurs aux trois autres pays américains (Mexique, Etats-Unis, Canada). La décision de rendre public les votes individuels est aussi une heureuse innovation d’autant qu’elle peut dissuader les membres des fédérations africaines, notamment qui seraient tentés de voter pour le trio américain de le faire au risque de se mettre à dos l’opinion africaine, puisque contrairement aux éditions précédentes c’est le Congrès - 211fédérations membres - qui aura pour charge de départager les candidats qui eux, ne participeront pas au vote.
Pour réduire le manque de transparence, la FIFA a mis en place un groupe de travail chargé de l’évaluation des candidatures à l’organisation de la Coupe du Monde 2026, dont le travail se fera sur la base de critères clairs et objectifs. Cela supposera de quantifier et de noter différents aspects relatifs aux implications commerciales et aux infrastructures, toute candidature n’atteignant pas le score global minimum ni même les exigences minimales pour l’un des critères sera automatiquement rejetée. Ce qui veut dire qu’il sera plus difficile pour un candidat à l’organisation de corrompre les votants désormais plus nombreux. La cinquième tentative du Maroc sera-t-elle la bonne ? Réponse : le 13 juin prochain à Moscou c'est-à-dire la veille de la coupe du monde 2018.
Soumana LOURA