Les actes racistes en football prennent de l’ampleur. Les principales victimes sont les joueurs noirs lors des compétitions. Récemment, excédé par les cris poussés par des supporters racistes pour se moquer de lui, l’attaquant franco-malien de Porto, Moussa Marega, a décidé de quitter le terrain à la 71e minute d’un match du championnat du Portugal. C'était le dimanche 16 février. Pourtant, c'est lui qui avait marqué le but de la victoire. Pour comprendre pourquoi le phénomène perdure et savoir quelles sont les mesures à prendre par les instances de football pour son éradication, Radars Info Burkina a approché des journalistes sportifs.
Pour le dernier cas de Moussa Marega, le journaliste sportif Salifou Guigma dit être « tombé des nues parce que je me rappelle encore les images du joueur qui est allé se plaindre au niveau de l’arbitre et qui a pris un carton et qui finalement, malgré l’intervention de ses coéquipiers, a quitté le terrain».
Selon lui, les footballeurs africains qui évoluent dans les clubs européens sont les plus exposés à ces cas de racisme. «Il faut surtout déplorer le fait qu’il n’y ait pas assez de sanctions, ce qui peut-être fait que le phénomène perdure, même s’il faut reconnaître que c’est un phénomène très difficile à éradiquer. Mais je demeure convaincu qu’on peut trouver des mesures à même de diminuer considérablement ces actes racistes. Quant aux mesures à prendre aujourd’hui, il faut être pragmatique. Suspendre un match pour le rejouer à huis clos c’est bien, mais c’est insuffisant. J’aurais préféré qu’on diffuse des spots de sensibilisation avant les matchs pour dissuader les éventuels fauteurs. J’aurais préféré également qu’on ne s’arrête pas à deux matchs à huis clos mais qu’on aille jusqu’à cinq matchs, voire au-delà. Si on voulait faire diminuer de manière significative des cas de racisme, on l’aurait fait depuis longtemps. Par exemple un arbitre ne devrait pas, à mon sens, seulement avoir la possibilité d’arrêter les matchs en cas de dérapages ; cela devrait même être un devoir pour lui », a soutenu le journaliste sportif.
Concernant les fauteurs, il souhaite qu’on les bannisse carrément des stades. « Les ligues en Europe et les confédérations doivent être davantage sanctionnées si on souhaite l’éradication de ces actes parce que cela porte atteinte à l’intégrité des joueurs africains de peau noire surtout et dénigre effectivement le sport », a conclu M. Guigma.
Quant à John William Somda, également journaliste sportif, il trouve que les actes de racisme que l’on voit de nos jours en football, surtout en Europe, ne sont pas nouveaux. « Dans certains pays, certains clubs ont même une tradition raciste. Pourtant dans d’autres pays, on arrive à le comprendre assez difficilement parce qu’ils ont une longue tradition de joueurs noirs qui ont même joué en sélection. Aujourd’hui, c’est un phénomène qu’il faut aborder de bien plus près », a-t-il indiqué.
Il a fait savoir par la suite que la lutte contre le racisme est assez complexe. «En Italie on a vu des clubs suspendus, des supporters radiés à vie. Dans certains pays, d’autres supporteurs sont même mis à contribution pour identifier les auteurs de ce genre d'actes afin qu’on les expulse des stades. Pour ces fauteurs particulièrement, il faudrait leur interdire l’accès aux stades mais il faudrait également rééduquer totalement certains supporters qui, visiblement, n’ont rien compris. Dans certains cas, ce ne sont pas forcément des gens racistes mais des supporters qui font recours à ces actes pour déstabiliser des adversaires un peu trop forts certainement. Mais ce n’est pas intéressant à la longue. En plus, il va falloir aussi aller à des mesures plus fortes. Par exemple, arrêter un match et l’équipe dont les supporteurs auront poussé des cris de singes perdra le match avec d’autres retraits de points et des sanctions pécuniaires. C’est vrai que ça ne va pas forcément faire changer les choses mais ça va contribuer à faire évoluer les mentalités du côté de certains supporters », a expliqué M. Somda.
Aly Tinto