La singularité de cette Coupe d’Afrique des nations de football (CAN) 2019 est le passage de 16 équipes à 24, le fait qu'elle se joue en juin-juillet et non en janvier, ainsi que l’introduction de l’assistance vidéo à l'arbitrage ou VAR en anglais. La VAR fera son arrivée à la CAN demain lors du match Sénégal-Bénin puisque la Confédération africaine de football (CAF) a décidé de l’introduire à partir des quarts de finale. Nous avons rencontré des journalistes sportifs et quelques amoureux du ballon rond pour savoir leur appréciation de l’introduction de cette innovation dans l’arbitrage des matchs de la CAN.
Le continent africain a de nouveau rendez-vous avec l’histoire demain pour une deuxième expérience avec la VAR dans l’arbitrage. La première expérimentation de cette technique fut un échec. En effet, la finale « retour » de la coupe d’Afrique des clubs a donné une très mauvaise image du football africain, le 31 mai 2019 à Tunis. L’Espérance de Tunis a remporté la Ligue des champions parce que les joueurs du Wydad Casablanca (WAC) se sont retirés en plein match pour protester contre la panne de la VAR après s’être vu refuser un but valable. Pour cette CAN qui se joue en Egypte, la CAF a décidé d’innover en matière d’arbitrage avec l’introduction de la VAR, acronyme anglais de Video Assistant Referees. C’est demain qu’elle entre en jeu à l’occasion des quarts de finale.
«La VAR sera introduite dès les quarts de finale parce que d’abord, on se dit qu’il n’y a pas beaucoup d’enjeux à la phase de poules. En plus, la VAR aujourd’hui est en phase d’expérimentation au niveau de l’Afrique. Donc il ne fallait pas d’entrée se jeter dedans puisqu’il y a beaucoup de matchs qui nécessitent une grande organisation. En Afrique, les moyens ne sont pas encore au point et cela va nécessiter beaucoup de mobilisation en termes de ressources humaines et de technologies. On va expérimenter cela pour voir tout en espérant qu’on n’aura pas de difficultés relatives à la présentation des images», estime Salif Guigma, journaliste sportif.
Pour Assami Tiemtoré, également journaliste sportif, cette innovation est à saluer, vu déjà certains défauts d’arbitrage dans certains passés de cette CAN. «Je crois qu’en utilisant la VAR à partir des quarts de finale, ça va résoudre beaucoup de choses parce que les arbitres ne sont pas tout à fait partiaux après constat de l’ensemble des compétitions antérieures. Par exemple, au cours du match Ghana-Tunisie du lundi 8 juillet, il y a eu beaucoup de gestes qui auraient pu être revus s’il y avait la VAR. Lors du match Bénin-Maroc, les grands observateurs sont unanimes que l’arbitre était du côté du Maroc. Pourtant, s’il y avait la VAR, l’arbitre aurait pu corriger beaucoup de faits de jeu. Donc la VAR va permettre à chaque équipe d’avoir toutes les chances possibles pour avancer», argumente M. Tiemtoré.
Mais selon lui, la VAR n’a pas lieu d’être quand, à un moment donné, «l’arbitre consulte d’abord la VAR, ensuite ne parvient pas à prendre la bonne décision et fait finalement recours à son libre arbitre. Donc elle n’est pas à 100% efficace pour pouvoir départager les équipes».
Si tels sont les avis des journalistes sportifs sur l’introduction de la VAR dans l’arbitrage de cette CAN, qu’en pensent certains amoureux du football ?
«C’est une mauvaise décision. J’aurais préféré qu’on introduise la VAR dès le début de la CAN ou qu’on ne l’introduise pas du tout. Je trouve que ce n’est pas logique. Par exemple pour le match Ghana –Tunisie, s’il y avait à revendiquer, le Ghana pouvait dire que son but annulé était valable», se plaint Harouna Zongo.
Madi Sawadogo, quant à lui, estime que l’Afrique doit éviter de recourir à la VAR dans ses compétitions de football. «La VAR, c’est pour les Européens et non pour les Africains. Je pense que sans la VAR, c’est mieux. On ne peut pas éviter la tricherie en football, même avec l’introduction de la VAR. C’est la VAR qu’on a utilisée pour éliminer injustement l’équipe du Nigeria qui jouait face à la France le 17 juin 2019 en phase de poules lors de la coupe du monde féminine», avance-t-il.
Cette technologie dans l’arbitrage a été déjà expérimentée dans plusieurs compétitions, notamment la dernière édition de la Coupe du monde, la Ligue des champions de l'Union européenne des associations de football (UEFA).
Aly Tinto (Stagiaire)