Vingt-cinq personnes sont décédées des suites d’une maladie non encore formellement déterminée dans les villages de Kpégnanfoanou et de Boguel, dans la Tapoa. La piste de la méningite est particulièrement envisagée, eu égard aux symptômes présentés par les victimes, même si des examens sont en cours afin d’avoir des informations plus précises sur la nature de la maladie. Face à cette suspicion, votre journal Radars Info Burkina est allé à la rencontre de Paulin Somda, médecin, pour en savoir davantage sur cette possible épidémie ainsi que les dispositions collectives et individuelles à prendre pour éviter la maladie.
RIB : Quelles sont les actions entreprises par le ministère de la Santé pour prévenir l’apparition des cas de méningite ?
PS : Etant dans une zone à potentiel épidémique de méningite qui s’étend du Sénégal jusqu’en Ethiopie en passant par le Burkina Faso, chaque année nous nous préparons en conséquence. Nous apprêtons les vaccins et les médicaments pour pouvoir réagir de manière systématique. Le phénomène est cyclique. En effet, pratiquement tous les cinq à dix ans il y a un risque d’épidémie et chaque année, nous prenons des précautions pour y faire face. Actuellement, nous sommes en surveillance pour éliminer tous les germes qui sont à potentiel épidémique. Les personnes immunes dépressives, les personnes âgées, les enfants, font d’autres types de méningite qui ne sont pas contagieux. S’il est avéré que c’est un cas de méningite, il faut d’abord vérifier s’il y a un risque de contagion d’autres personnes, prendre des mesures collectives et individuelles et, si possible, faire une vaccination de masse réactive dans la zone concernée en vue de circonscrire le mal, pour éviter qu’il s’étende à d’autres localités ou à tout le pays. Ce que nous redoutons, ce sont les germes à potentiel épidémique, c'est-à-dire qui peuvent se transmettre dans un court laps de temps à beaucoup de personnes qui vont développer la maladie avec beaucoup de complications.
RIB : Quels sont les signes cliniques de la méningite ?
PS : Selon que l’on est enfant ou adulte, les signes diffèrent. Généralement, ces signes sont une forte fièvre, la raideur de la nuque, les vomissements. Par contre chez les nourrissons, ceux-ci n’arrivent plus à tenir la tête, la nuque devient molle avec des fièvres et des vomissements. Il y a d’autres signes qui ne sont pas faciles à reconnaître par la population. Dès que des signes similaires se présentent, il faut commencer à suspecter des cas de méningite et commencer à prendre les précautions.
RIB : Existe-t-il des comportements à risque pouvant favoriser la transmission de la maladie d’une personne à une autre ?
PS : Oui. Il faut éviter les regroupements de personnes, les funérailles, les mariages, où une personne contaminée peut facilement transmettre la maladie à d’autres autres. De manière individuelle, les germes sont souvent contractés par les mains, par les orifices. L’oropharynx, par exemple, est plein de germes ; si bien que quand ça traverse la barrière méningée, ça devient une méningite. Il faut donc humidifier les voies oropharyngées pour éviter qu’elles craquellent et fassent des plaies par lesquelles les germes pourraient passer.
RIB : Quelles sont les dispositions à prendre pour prévenir cette maladie ou en venir à bout ?
PS : Dès que l’harmattan commence, nous recommandons aux populations de mettre du beurre de karité dans les narines, de bien se nettoyer, d’éviter la poussière au maximum et surtout de se rendre dans une formation sanitaire dès qu’on ne se sent pas bien pour se faire ausculter par un agent de santé. Il y a aussi la vaccination. Mais il faut au préalable connaître le type de germes pour administrer le vaccin adapté. Il y a actuellement le tétravalent qui couvre aussi bien les types de méningites A, C, W que Y, qui sont des germes à potentiel épidémique. Lorsqu’on est sûr que c’est ce germe qui circule, on procède à la vaccination. Par-dessus, tout il faut éviter l’automédication.
Propos recueillis par Armelle Ouédraogo (Stagiaire)