La violence conjugale regroupe tout acte qui porte atteinte à l’intégrité physique et psychique et qui est exercé par un des conjoints sur l’autre. Elle s’exprime par des agressions physiques, psychologiques, verbales, des menaces, des privations ou encore des contraintes. Cause de dommages sur les plans physique et psychologique chez la victime, c’est tout son entourage qui se trouve impacté par ce type de violence.
Nombreuses sont les personnes qui subissent différentes formes de violence dans leur ménage. Si pendant longtemps les victimes de violence conjugale ont été des femmes, force est de reconnaître que de nos jours des hommes souffrent aussi le martyre sur ce plan. La violence ne se résume pas aux coups, aux gifles ; elle concerne aussi les paroles blessantes, les humiliations, le rabaissement constant, les injures qui contribuent à amoindrir l’estime de soi de la victime. Qu’est-ce qui peut donc amener une personne à être violente envers son conjoint ? De l’avis de Richard Ouédraogo, psychologue, un enfant témoin de violences conjugales sur sa mère aura tendance à reproduire le même cycle sur son épouse une fois adulte. A cela s’ajoute la personnalité de l’individu, qui face à un problème a du mal à se maîtriser et n'envisage pas d'autres moyens de communication. Il peut arriver aussi que dans un couple, il y ait incompatibilité de personnalités, donc manque de compréhension pouvant entraîner des conflits se traduisant par des violences conjugales. Il est alors question de conjugopathie.
Au nom de l'amour et parce qu’elles s'inquiètent du sort de leurs bourreaux si elles les dénoncent, certaines victimes préfèrent garder le silence sur ce qu’elles vivent et, résignées, s’enferment dans leur bulle, espérant que les choses vont s'améliorer d’elles-mêmes avec le temps. De l’avis de Justine Bandaogo, les femmes souffrent en silence parce que c’est ce renoncement qu’on leur a toujours inculqué comme éducation. « Quand une femme battue ou humiliée dans son foyer se confie à sa mère, celle-ci a tendance à lui conseiller de supporter dans la résignation son triste sort parce que, va-t-elle argumenter, c’est cela le foyer. Elle lui dira même qu’elle a connu pire. Il y a les enfants aussi qu’il faut prendre en compte. Dans nos sociétés, quand un homme bat sa femme, cela est considéré comme un fait normal, donc ne choque personne », explique-t-elle.
La violence conjugale a des conséquences fâcheuses au nombre desquelles le décès même de la victime. Sur le plan psychique, l'estime de la personne victime de ce type de violence en prend un coup. Lorsque l’on est en permanence molesté, insulté et rabaissé, on a tendance à se sentir inutile, inférieur aux autres, donc à se renfermer. Il va de soi que cela se ressente sur la relation de la victime avec les autres et plus particulièrement sur ses enfants. Leur épanouissement est mis à mal par l’ambiance familiale conflictuelle et ils risquent, malheureusement, de perpétuer à leur tour ce cycle de violence, une fois devenus adultes. Certains d’entre eux développent à l’adolescence ou à l’âge adulte une personnalité fragile ou des troubles du comportement qui nécessitent une prise en charge médicale, foi de la spécialiste Kiswendsida Sawadogo/Congo, attachée de santé mentale.
L’emprise et la peur du conjoint enferment la victime dans un conditionnement duquel il lui est difficile de sortir sans aide. C’est pourquoi les proches de la victime de violences conjugales doivent l’aider à s’en ouvrir à des professionnels de la santé mentale sur ce qu’elle vit au quotidien, pour espérer surpasser le choc et les dommages subis. La reconstruction de l’estime et de la confiance en soi dépend de l’ampleur des violences subies, de la capacité résiliente de la victime ainsi que de la qualité de la prise en charge de cette dernière. A travers la psychothérapie de soutien, le personnel soignant accompagne la victime en vue de faciliter la coexistence avec son problème selon son désir de quitter son conjoint ou de rester avec lui.
Les violences conjugales sont le produit de l’éducation. C’est pourquoi il est indispensable de miser à la fois sur la sanction pénale, l’éducation et la prévention pour modifier ce type de comportement.
Armelle Ouédraogo (Stagiaire)