jeudi 21 novembre 2024

Palais de justice de Ouagadougou : Les droits des prévenus pris en otage entre le marteau du gouvernement et l’enclume des GSP

Image palaisAu palais de justice du Burkina Faso, les audiences correctionnelles sont suspendues depuis plusieurs mois. Conséquence, plus de mille détenus font l’objet de détention illégalement prolongée du fait du mouvement d’humeur des agents de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) enclenché depuis le 22 octobre 2018 au Burkina Faso. 

Après qu’ils ont réclamé de bonnes conditions de vie et de travail, c’est la réintégration des dix agents révoqués, la levée de la suspension de leur syndicat, l’arrêt des coupures abusives de salaire pour fait de grève et des affectations arbitraires ainsi que l’exigence de la démission du directeur général des GSP qui sont les points qui sont venus allonger la liste des points de la plateforme revendicative de ce corps paramilitaire. Le bras de fer qui oppose ces agents de la justice burkinabè au gouvernement rend impossible la tenue des audiences correctionnelles. En effet, les gardes de sécurité pénitentiaire refusent l’extraction et la conduite des détenus vers les palais de justice. Cette situation peu reluisante pour les incarcérés a conduit leurs défenseurs, notamment les avocats, à faire leur entrée en scène en vue de la résolution de cette crise qui perdure. « Le traitement de la plateforme revendicative ne doit pas empiéter sur le traitement des dossiers », estime Me Olivier Somé, chargé à l’information et à la communication du Syndicat des avocats du Burkina Faso (SYNAF).

Au regard de leur statut d’avocat, Me Edasso Bayala, secrétaire général du SYNAF, note que c’est un devoir pour eux d’entreprendre des actions de droit afin de soulager leurs clients. « Nous avons envisagé de saisir la Cour de justice de la CEDEAO pour cette violation massive des droits de l’homme. Nous allons également saisir tous les procureurs, ainsi que les procureurs généraux pour ceux qui nous ont saisis pour leur liberté provisoire en attendant que les conditions soient réunies ». Outre cela, les auxiliaires de justice entendent faire la saisine des mouvements de droits de l’homme et de toutes les autres organisations syndicales pour en arriver au strict respect du temps de détention des prévenus dans les maisons d’arrêt et de correction.

tribunalPour le secrétaire général du syndicat des GSP suspendu, Abdoul Dramane Thiombiano, seuls le gouvernement et le président du Faso tiennent la clé de la solution à cette crise. Pour lui, c’est la mauvaise gestion du mouvement d’humeur déclenché depuis octobre 2019, accentuée par la révocation des dix GSP dont lui-même, et une sortie malencontreuse de leur directeur général qui sont à l’origine de ce blocage de l’appareil judiciaire. Et d’argumenter que la plateforme revendicative des GSP ne fait pas l’objet d’une attention de la part des autorités car, dit-il, « nous avons rencontré le haut représentant du président du Faso, Chériff Sy, et le ministre de la Fonction publique, qui semblaient ignorer l’existence du mouvement d’humeur ».

Qu’à cela ne tienne, M. Thiombiano indique que le dossier des dix révoqués  est en cours de traitement et serait au niveau du Conseil d’Etat, lequel va en principe se prononcer à ce propos le vendredi 1er février 2019.

Tout en espérant  que ce verdict vienne dénouer la crise, les GSP en appellent à la sagesse du gouvernement pour que cette crise soit définitivement résolue.

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné

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