Depuis debut décembre 2018, la Coordination nationale des syndicats de l'éducation (CNSE) a appelé ses militants à suspendre les évaluations pour exiger du gouvernement burkinabè de meilleures conditions de vie et de travail à travers sa plateforme revendicative. Cette situation paralyse le système scolaire et fait craindre une année blanche si rien n’est fait. Parce qu’inquiets de voir leur année scolaire hypothéquée, les élèves de la ville de Ouagadougou se sont mobilisés pour se faire entendre par les premiers responsables du système éducatif. Dramane Sankara, coordonnateur de l’Association des élèves du secondaire de Ouagadougou (AESO) nous en dit davantage dans cette interview accordée à Radars Info Burkina.
Radars Info Burkina : Depuis hier, nous constatons que les élèves sont dans la rue. Que revendiquez-vous ?
Sankara Dramane : Nous revendiquons la reprise des évaluations dans les écoles de la ville de Ouagadougou, mais aussi l’application du protocole d’accord signé entre le syndicat des enseignants et le gouvernement en janvier 2018.
RIB : Vous êtes allés ce jour rencontrer les premiers responsables du ministère dont vous relevez. Pouvez-vous nous parler de cela ?
DS : Nous nous sommes rendus au ministère de l’Education pour exprimer de vive voix notre mécontentement du fait qu’il n’y a pas d’évaluation, du fait qu’un protocole d’accord a été signé entre le gouvernement et les enseignants, que ce protocole peine à être appliqué et que nous n’avons ni évaluations et même pas de copie pour savoir ce qu’il faut en faire. Nous sommes vraiment indignés et c’est pourquoi nous sommes allés le faire savoir au ministère de l’Education. Nous avons pu en rencontrer le secrétaire général et lui avons porté notre message, afin qu’il soit transmis à qui de droit. Que les élèves de la ville de Ouagadougou se sont mobilisés massivement ce matin pour le faire savoir leur mécontentement.
RIB : Quelle a été sa réaction, que vous a-t-il dit en définitive ?
DS : Le secrétaire général a promis de transmettre notre cri du cœur à qui de droit. Mais pour nous, les premières autorités voient la mobilisation des élèves ce matin, les images sont assez expressives. Bien qu’il y ait eu des tentatives pour empêcher la marche, nous avons tenu le pari de l’organisation et de la mobilisation.
RIB : Au regard de la situation, ne craignez-vous pas que cela débouche sur une année blanche ?
DS : Bien évidemment, parce que lors de notre conférence de presse nous l’avons dit, s’il n’y a ni évaluation, ni de traitement de dossiers d’examen, ni transmission de courrier, c’est une année blanche qui est programmée. C’est pour toutes ces raisons que nous sommes sortis ce matin.
RIB : Si rien n’est fait les jours à venir pour régler cette situation, qu’est-ce que vous prévoyez comme action ?
DS : Nous espérons que tout rentrera dans l’ordre et que nous n’aurons pas besoin de mener d’autres actions. Mais qu’à cela ne tienne, si le gouvernement s’entête dans sa logique actuelle, nous disons que ce n’est qu’un début. Notre marche de ce jour a été sabotée mais nous avons tenu. Dans l’organisation, nous n’avions pas prévu que des proviseurs d’établissements pourraient demander que l’on ferme les écoles tout simplement parce qu’une marche d’élèves était prévue. Tout cela n’a cependant pas empêché la mobilisation historique des élèves ce jour. Donc si dans les jours à venir rien n’est fait, nous allons consulter nos bases pour décider des actions à mener éventuellement.
RIB : En définitive pour vous le responsable de cette situation est le gouvernement ?
DS : Comme nous l’avons dit, si le climat scolaire venait à se dégrader dans les différents établissements, le gouvernement en serait tenu pour seul et unique responsable. Nous avons du mal à comprendre qu’un engagement soit signé et que sa mise en œuvre pose problème.
RIB : Pouvez-vous nous faire le point, à ce jour, de la situation dans les établissements ?
DS : Les enseignants viennent donner normalement cours, mais il n’y a pas d’évaluation. Le premier trimestre s’est achevé sans que nous ayons des bulletins, parce que même les devoirs du premier trimestre, nous ne les avons pas terminés. Comme il n’y a pas de composition, évidemment il n’y a pas de bulletins scolaires.
Propos recueillis par Armelle Ouédraogo (Stagiaire)