Les équipements biomédicaux sont l’âme des centres de santé. Cependant, il faut reconnaître qu’au Burkina Faso, plusieurs centres de santé sont « malades ». Les pannes fréquentes d’équipements, les ruptures de consommables et de réactifs sont les réalités des formations sanitaires du pays. La question des équipements biomédicaux et hospitaliers se pose donc comme une problématique déterminante pour le système de santé du Burkina Faso.
Les équipements biomédicaux sont des facteurs de production, des outils de travail extrêmement importants et essentiels au fonctionnement continu des structures de santé. Pourtant, la qualité de certains desdits équipements dans les centres de santé au Burkina Faso laisse vraiment à désirer. En effet, selon le rapport 2017 du REN-LAC, des techniciens biomédicaux mettent en cause la qualité de certains équipements biomédicaux livrés par la Société de gestion de l’équipement et de la maintenance biomédicale (SOGEMAB), structure chargée de l’acquisition des équipements médicotechniques. A cela s’ajoutent la question de la maintenance, de la formation du personnel utilisateur de ces équipements, la formation des personnels pour les dépanner, la gestion de pièces de rechange, l’assistance technique et même la gestion des infrastructures.
En outre, pour les utilisateurs que sont les centres de santé et techniciens biomédicaux, la cherté des équipements livrés par la SOGEMAB de même que le coût élevé de la maintenance curative des appareils sont un problème. Mais au niveau de la SOGEMAB, on explique que c’est la qualité des appareils qui les rend chers. « Mais c’est du matériel de qualité. Nous sommes trop pauvres pour acheter moins cher. Nous ne pouvons pas passer le temps à renouveler les équipements chaque année. Donc nous achetons du solide », explique la société dans le rapport du REN-LAC.
Malgré cela, les pannes sont assez récurrentes dans les centres de santé. On constate cela presque à tous les niveaux dans les centres de soins. En oto-rhino-laryngologie (ORL), en ophtalmologie, en cardiologie, les pannes de climatiseurs, d’aspirateurs muraux, de pousse-seringues électriques ainsi que la fermeture de certaines salles pour manque ou équipements défectueux sont légion. Tout cela est couronné, selon les enquêtes du REN-LAC, par le manque quasi permanent d’une maintenance des équipements.
Il faut rappeler que selon ledit rapport, dans ses commandes d’équipements biomédicaux, la SOGEMAB privilégie le gré à gré aux autres modes de passation des marchés publics, notamment l’appel d’offres ouvert et la demande de prix et de propositions. Dans ce contexte, la corruption ou les tentatives de corruption ne peuvent être que grandes. Un audit sérieux de la SOGEMAB est plus que nécessaire pour remédier à cette situation.
Edwige Sanou