Après trois ans passés à la tête du gouvernement burkinabè, Paul Kaba Thiéba a déposé le vendredi dernier sa démission ainsi que celle de son gouvernement. Si pour certains ces différents gouvernements sont passés à côté de leur mission, d’autres trouvent qu’il ne faut, toutefois, pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
Ablassé Djiblweogo : « Comme principale faiblesse, nous pointons du doigt son manque de fermeté. Le gouvernement n’était pas fort ; il caressait tout le monde dans le sens du poil. On a eu l’impression qu’il ne disait pas la vérité aux syndicats, car il y avait beaucoup de grèves qui ont paralysé l’économie du pays. Pour la sécurité, je me dis que la stratégie n’était pas appropriée et qu’on pouvait faire mieux. Néanmoins, il faut reconnaître que plusieurs projets ont connu un début de réalisation. »
Mme Thiombiano, sociologue employée dans une ONG de la place : « Moi, j’apprécie le gouvernement passé sur la base de l’élaboration du référentiel de développement qu’est le Plan national de développement économique et social (PNDES). C’est une bonne stratégie, c’est un bon départ, c’est un document de référence. Il y a des pays voisins qui n’ont pas ce genre de document et qui envient le Burkina Faso en la matière. Donc je pense que c’est une force pour eux d’avoir réfléchi à ce document. Il appartient à ce gouvernement et à tous les citoyens d’œuvrer à la mise en œuvre du contenu de ce document. »
Goomtinga Dakouré, jeune entrepreneur en maintenance industrielle : « Le gouvernement Paul Kaba Thiéba est le plus nul de l’histoire du Burkina Faso. Paul Kaba Thiéba lui-même n’avait pas d’autorité et il y avait certains de ses ministres qui étaient des amateurs. Du coup, ce gouvernement était caractérisé par son amateurisme et son manque de rigueur. C’est ce qui a conduit à son échec. »
Mohamed Nacoulma, enseignant : « Aucune œuvre humaine n’est parfaite, mais je pense que sous l’ère Paul Kaba Thiéba, il y a eu beaucoup de prises de décisions. Des structures aussi ont été mises en place pour la lutte contre la fraude et le blanchiment de capitaux. L’élargissement des taxes dans le but de renflouer les caisses de l’Etat est aussi un point positif à l’actif du gouvernement Thiéba III. Toutefois, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Ce gouvernement était aussi caractérisé par son laxisme : aucun sérieux quant à l'application des décisions prises, toujours pas de lotissement, les dossiers traînent toujours en justice, des chefs-lieux de provinces sont toujours inaccessibles… »
Propos recueillis par Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné