« Une bonne alimentation scolaire contribue à l’accroissement du taux de scolarisation, à l’augmentation de la fréquentation scolaire et à l’amélioration de la situation nutritionnelle de la population infantile », affirme Mme Diarra Dioumé Cissé, agent de santé. Si les écoles constituent des lieux privilégiés pour promouvoir la santé des enfants, elles peuvent aussi être des réservoirs de maladies, surtout dans le cas d’une offre alimentaire informelle mal organisée. Alors quelles précautions prendre pour une bonne réglementation de ce genre d’activité pour garantir une hygiène alimentaire dans ces espaces communément appelés petits marchés ?
Au Burkina Faso, de manière générale, des mets sont proposés aux élèves pendant la récréation et les différents temps de pause. Pour les établissements les mieux organisés, un espace est aménagé à l’intérieur pour accueillir différentes vendeuses. Ainsi, dans certains lycées tels que les lycées municipaux Bambata et Vénégré ainsi que le complexe scolaire Jeunesse pour Christ, le constat diffère. Au Bambata, le petit marché est occupé par 11 femmes qui proposent des mets constitués de gâteaux salés et sucrés, de sandwiches, de brochettes ainsi que de l’eau glacée, du jus et du yaourt sur l’aire du terrain de sport pendant la récréation. Pour le proviseur de ce lycée, Souhmaila Siemdé, « c’est suite à un recrutement que ces femmes ont été retenues. Comme contribution, elles payent une somme forfaitaire de 10 000 francs par mois au nom de l’ensemble ».
S’agissant du lycée municipal Vénégré, un espace de 18 hangars y a été aménagé pour servir de petit marché. Pour y accéder, une démarche auprès de l’administration de l’établissement est l’un des préalables. En outre, chaque femme doit s’acquitter d’une contribution mensuelle de 2 000 francs CFA pour l’occupation de l’espace.
En revanche, pour ce qui est du complexe scolaire Jeunesse pour Christ, aucun espace n’est aménagé à cette fin en son sein : les femmes s’installent à leur gré aux alentours de l’établissement scolaire, exposant de ce fait les aliments qu’elles vendent à l’air libre.
« Si des contrôles inopinés sont faits par moments dans ces petits marchés, force est de reconnaître qu’ils ne sont pas poussés », déplore Biyé Bagué, proviseur du lycée. Pour lui, les visites des services qualifiés pour le contrôle, en l’occurrence ceux de l’hygiène, sont très rares.
En outre, comme difficultés, les responsables de ces établissements d’enseignement pointent du doigt l’installation anarchique des marchandes d’aliments à proximité de leurs écoles sous leur regard impuissant. Les proviseurs interpellent donc la municipalité sur ce phénomène car, expliquent-ils, « nous ne pouvons que réglementer à l’intérieur de nos établissements. A l’extérieur, nous ne sommes pas compétents pour le faire ».
Au-delà de ces difficultés soulignées par ces responsables d’établissement, il faut noter que l’analphabétisme de la quasi-totalité des vendeuses est un facteur favorisant la mauvaise hygiène alimentaire dans ces espaces scolaires. Ne sachant pas lire la date de péremption des produits manufacturés, ces dernières exposent souvent les élèves à des risques d’intoxication alimentaire. De plus, aucun contrôle n’est fait au niveau du lieu de préparation et de conservation de ces mets vendus aux apprenants.
Pour un mieux-être sanitaire de la relève que sont les élèves, cet aspect de la vie scolaire devrait être pris à bras-le-corps par les acteurs de l’éducation à toutes les échelles.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné