L’éducation occupe une place importante au Burkina Faso. Cependant il est donné de constater ces dernières années que cette institution est mise à mal par un fléau qui ronge les apprenants eux-mêmes. Il s’agit ni plus ni moins que de la tricherie en milieu scolaire. Du préscolaire au supérieur, ce fléau gangrène tous les ordres d’enseignement.
Le moins qu’on puisse dire est que certains apprenants ont plus d’un tour dans leur sac et usent de toutes sortes d’astuces, lors des devoirs ordinaires et même d’examens comme le Bac, le BEP, le BEPC et le CEP, pour déjouer la vigilance des encadreurs et tricher. Des bouts de papier comportant des réponses dissimulées dans des trousses, des formules mathématiques et les réponses à certaines questions rédigées sur leurs cuisses et qu’ils ont soigneusement camouflées, des coups d’œil furtifs et insistants sur la copie du voisin…, tous les moyens sont bons pour ces partisans du moindre effort afin de parvenir à leurs fins. Et avec le développement des technologies de la communication, la situation ne fait qu’empirer. Ainsi, des textos envoyés via les réseaux sociaux Facebook, WhatsApp et Viber pour se communiquer des réponses, des éléments de réponse capturés en photo, le moins que l’on puisse dire est que ces tricheurs 2.0 ne manquent vraiment pas de génie, une faculté qu'ils auraient gagné à mettre plutôt au service du bien.
Selon M. Ouandé, directeur des Etudes, les élèves ont développé de nouvelles stratégies de tricherie qui dépassent l’entendement et face auxquelles les surveillants même n’y voient que du feu. « Il faut qu’on trouve un système de surveillance plus adapté. Les élèves sont dotés d’un génie incroyable en matière de tricherie. Même avec deux surveillants dans une salle au moment des évaluations, les élèves arrivent à tricher », confirme M. Somé, un enseignant.
Cette situation est vraiment regrettable car préjudiciable, à terme, au système éducatif tout entier. Pour M. Ouandé, le plus déplorable est le silence complice, voire coupable, des autres élèves. « Par peur de stigmatisation ou d’être menacés par des tricheurs, les autres élèves ne dénoncent pas leurs camarades tricheurs », déplore-t-il. Salimata, élève en classe de seconde, corrobore ses dires en confiant : « Certains de mes camarades trichent pendant les évaluations. Tout ce que moi je peux faire, c’est leur conseiller d’arrêter. Comme ils ne m’écoutent pas, je laisse faire. Chacun récoltera ce qu’il a semé de toute façon.» Et Malgré les sanctions prévues par les éducateurs, on enregistre une montée spectaculaire de cette pratique peu honorable. « En cas de flagrant délit de tricherie, le fraudeur est renvoyé pendant une semaine. En plus de la convocation de ses parents, une publication est faite sur le tableau d’affichage pour informer tous les autres élèves. Toute chose qui ne semble pas dissuader certains», admet M. Somé.
En rappel, il faut entendre par tricherie en milieu scolaire le fait pour un apprenant d’utiliser des moyens frauduleux en vue d’obtenir de bons résultats. Cela constitue une violation des règles morales, et le fait que cette pratique ait la vie dure sous nos cieux est préoccupant d’autant plus que ses effets sur la société à moyen et long terme sont désastreux.
Edwige Sanou