Le mariage constitue une autre étape de la vie d’une femme. Dans la société moaga, le « pog-pégré », ou cérémonie par laquelle la nouvelle mariée quitte sa famille pour rejoindre son foyer, est constitué d’un ensemble d’étapes comportant chacune des actes tout aussi symboliques.
Le jour des noces, le soir la nouvelle mariée prend son bain et s’habille, généralement en blanc. Elle est alors appelée dans la chambre de sa mère par ses oncles les plus âgés, qui lui prodiguent des conseils. Lors de ce huis clos, la nouvelle mariée est invitée à faire honneur à sa famille, car le mariage qu’ils ont contracté, son époux et elle, scelle également l’union des deux familles. Elle doit alors respect et considération à son mari ainsi qu’à sa belle-famille. Son comportement dans le foyer doit refléter la bonne éducation que ses parents lui ont donnée. Après les hommes, les tantes prennent le relais pour, à leur tour, prodiguer des conseils et faire des bénédictions à la nouvelle épouse. Elles la conseillent, par exemple, sur comment une femme doit prendre soin de son mari et de sa famille. Pour Bila Sawadogo, personne-ressource, « une bonne femme doit bien traiter son mari et veiller à ce qu’il ne manque jamais de rien. C’est à elle que revient la tâche de déposer de l’eau à son époux pour qu’il se lave, de lui faire à manger et de veiller à ce que ses habits soient toujours propres et qu’il soit présentable quand il sort. Elle doit également éviter les querelles inutiles, être celle qui apporte la quiétude dans le foyer. Le respect est également très important. C’est dans ce sens qu’avant de sortir, elle doit toujours informer son mari afin d’avoir son aval. Un élément à ne pas négliger non plus, c’est le pardon. Même s’il y a eu dispute le matin entre les deux conjoints, il leur faut savoir dialoguer et régler leur différend avant la tombée de la nuit ».
Après la phase des conseils, les tantes se retrouvent pour préparer le panier, ou « peoogo », de la nouvelle mariée. Il est essentiellement composé d’un pagne noir tissé ou « foun-sablga », d’un petit pagne blanc encore appelé « foun-bila », de farine de maïs ou de sorgho, de soumbala, de gombo sec, d’une spatule, d’une calebasse, d’un mortier ainsi que d’un ensemble de plats qui servira pour la cuisine. La farine dans le panier servira à préparer le to le lendemain matin, qui sera distribué à tous les membres de la maisonnée de la belle-famille. Dans la tradition moaga, le panier ainsi constitué devra être ramené avec les mêmes éléments aux parents de la mariée, s’il arrive que celle-ci perde la vie. Mis à part le panier, une valise de pagnes accompagne également les affaires de la nouvelle mariée. Le lot de pagnes est constitué non seulement des apports de la belle-famille, mais aussi des dons des oncles, tantes et connaissances de la nouvelle épouse.
La nuit tombée, vers 20h, une délégation de la famille du marié composée d’oncles, de tantes et de quelques amis vient pour demander l’autorisation d’emmener l’épouse dans sa nouvelle famille. Il s’ensuit alors des tractations au cours desquelles des enveloppes d’argent sont remises à la mère, aux tantes ainsi qu’aux jeunes filles. Les sœurs et amies de la mariée feignent une certaine résistance, comme pour dire qu’elles n’ont pas envie de laisser partir leur sœur si chère à leur cœur. Ce sont généralement les personnes âgées qui calment le jeu en leur conseillant de ne pas en abuser, cela afin d’éviter qu’il y ait de fâcheuses répercussions sur la nouvelle mariée. On fait alors sortir la reine du jour qui est conduite jusqu’à la porte de la concession et remise à sa nouvelle famille. Elle est alors accompagnée d’une tante qui porte son panier ainsi que d’une petite fille qui vont passer la nuit avec elle dans sa nouvelle demeure, pour lui signifier que sa famille l’aime toujours et qu’elle ne sera pas abandonnée. Le lendemain matin, les deux accompagnatrices sont restaurées et reçoivent, en repartant, des présents ou de l’argent.
Armelle Ouédraogo