Depuis le mardi 08 janvier 2019, le gouvernement burkinabè a procédé à une baisse des prix à la pompe du carburant. Cette mesure intervient quelques semaines après que la Coalition contre la vie chère a battu le pavé pour exiger des autorités la baisse des prix des hydrocarbures, qui avaient connu une hausse le 08 novembre 2018. Ainsi, consécutivement à cette décision gouvernementale le litre de Super 91 passe de 677 francs CFA à 657 francs CFA, soit une baisse de 20 francs CFA. Le litre de gasoil, quant à lui, passe de 601 francs CFA à 571 francs CFA, soit une baisse de 30 francs CFA. Le pétrole, lui, enregistre la plus forte baisse (83 francs) avec le litre qui passe de 538 francs CFA à 455 francs CFA. Le moins qu’on puisse dire est que ce réajustement ne fait pas l’unanimité au sein des différentes couches sociales. Radars Info Burkina (RIB) vous propose la réaction de quelques responsables de syndicats, d’OSC et de compagnies de transport.
Chrysogone Zougmoré, premier vice-président de la CCVC : « Cette décision ne répond à aucun des points de la plateforme revendicative de la CCVC. La plateforme de la CCVC comprend sept points dont le principal, comme nous l’avons toujours dit, concerne le retour au prix des hydrocarbures d’avant la décision gouvernementale du 08 novembre 2018. Dans notre plateforme, il n’est nullement question de diminution des prix des hydrocarbures après cette décision gouvernementale. C’est une décision qui apparaît un peu comme un élément pour briser l’élan de lutte du peuple burkinabè concernant cette question des hydrocarbures, donc cela ne nous suffit pas. Nous tenons à ce que le point principal de la plateforme revendicative soit satisfait ».
Grégoire Nongo Traoré, SG du SNAID : « Il faut observer que ce n’est pas une baisse, parce qu’à notre niveau la référence c’est les prix des hydrocarbures avant la décision d’augmentation du 08 novembre 2018, où les prix étaient de 602 francs CFA pour le super et de 526 francs CFA pour le gasoil. Le gouvernement avait procédé unilatéralement à une augmentation de 75 francs CFA. Nous avons demandé l’annulation de cette augmentation. Ce qui n’a pas été fait. Nous ne considérons pas cette décision comme une diminution ; notre revendication, c’est qu’il revienne aux anciens prix, c’est-à-dire ceux d’avant le 08 novembre 2018 ».
Adama Boureima Ouédraogo, P-DG de STAF : « Nous sommes en train de nous concerter parce que cette baisse ne nous arrange pas. En 2005, quand le gouvernement a baissé les prix, il nous a contraints à baisser les prix de 250 francs jusqu’à 1000 francs CFA. Cette fois, il augmente le prix du litre de jusqu’à 75 francs et il ne veut pas que nous augmentions le prix du transport d’un centime. La diminution de 30 francs sur les 75 francs n’est pas suffisante. La perte continue à notre niveau, nous ne pouvons pas accepter cela. Par exemple à STAF, avec leurs augmentations, je perds par semaine 23 millions de francs CFA. Avec cette baisse, ma perte est de 9 000 000, ce qui veut dire que je continue de perdre. Nous voulons la baisse de 75 francs pour que tout rentre dans l’ordre ».
Roland Sow, P-DG d’Elitis Express : « A chaud, je ne peux pas faire de commentaires. Il faut qu’on se concerte à la FENAT. Mais il faut dire qu’une baisse est toujours la bienvenue, peut-être que si elle avait été plus importante à la hauteur de l’augmentation de 75 francs CFA, cela aurait été bien, mais je pense qu’une baisse, c’est toujours bon à prendre ».
Brahima Rabo, président de l’UCRB : « Nous apprécions la baisse du prix des hydrocarbures, puisque autrement cela allait causer un certain nombre de problèmes au niveau des transports de marchandises. Nous étions sur la question pour trouver des solutions. Cette baisse va contribuer à temporiser donc les tensions qui étaient visibles sur le terrain. Cela va aussi résoudre plusieurs problèmes. Si le gouvernement a pensé à la baisse, c’est une très bonne chose, nous la saluons d’ailleurs à sa juste valeur. Nous le réaffirmons, c’est une très bonne démarche. Si de 75 francs on se retrouve avec une baisse de 30 francs, c’est à encourager ; cela veut dire que dans les jours à venir avec les négociations, la situation pourrait revenir à la normale ».
Propos recueillis par Edwige Sanou