Le maraîchage au Burkina est une culture de contre saison. A Ouagadougou, cette pratique se fait généralement aux abords des canaux, des barrages et dans des bas-fonds. Une équipe de Radars infos Burkina, s’est rendue sur ces lieux pour constater les conditions de production.
On retrouve plusieurs produits du maraîchage sur le marché dont on ignore les conditions dans lesquelles elles sont produites. Il y a des endroits où des femmes et des hommes utilisent des eaux peu hygiéniques pour l’arrosage de leurs cultures.
Au niveau du canal de Kossodo dans l'arrondissement numéro 10, il y a deux variétés qui sont cultivées. Il s’agit de l’épinard et l’amaranthe, communément appelé boulboulé ou zibilé (en moré, une langue majoritairement parlée au Burkina). Derrière le Centre hospitalier universitaire Yalgado OUEDRAOGO (CHU-YO), c’est la culture des laitues, des choux, des piments, des amaranthes et des corettes connue sous le nom de (bulvaka), qui est dominante. Toutes ces cultures sont arrosées avec l’eau usées des canaux. En effet, depuis plusieurs années ces maraîchers trouvent leur pitance dans cette activité. Cependant, les conditions de productions peuvent être source de maladies pour la population. Ces eaux de toutes natures comme celles du canal de Kossodo et du CHU-YO, dégagent des odeurs nauséabondes et sont de couleur noirâtre, et souvent, une couleur verdâtre se pose sur elles. Malgré ces couleurs que l’eau présente, les producteurs l’utilisent tout de même pour l’arrosage sans se préoccuper des problèmes hygiéniques qui peuvent en découler. Ce sont les produits de ces eaux qui se retrouvent parfois sur les marchés de la ville de Ouagadougou.
Une maraîchère du canal de Kossodo, en train de positionner sa moto pompe pour l’arrosage
Selon une maraîchère du site de Kossodo, Hadissa NIKIEMA, elles ont été interpelées à plusieurs reprises sur un éventuel déguerpissement de cette zone. L’utilisation de ces eaux serait à l’origine de ce décampement. « Vu la couleur de l’eau, je sais qu’elle n’est pas sans microbe mais je n’ai pas d’autre choix, car c’est dans cette activité que je prends soins de ma famille », a-t-elle expliqué. Il est difficile pour elle de quitter cet endroit, car elle pratique cette activité depuis 2009, avant la construction de ce canal.
D’autres par contre, refusent catégoriquement le fait que l’eau soit impropre. C’est le cas d’une maraîchère du même site qui sous-entend, que si cette eau était de mauvaise qualité, ceux qui l’utilisent au quotidien allaient contacter des maladies. « Cela fait plus de quinze (15) ans que je travaille ici mais je ne suis jamais tombée malade suite aux effets de ces eaux.», renchérie-t-elle.
Des laitues en productions derrière le canal du CHU-YO
Cette activité est saisonnière, car il y a des périodes pendant lesquelles, on ne peut pas la réaliser. C’est ce que nous confie un maraîcher situé derrière le canal du CHU-YO, Matthieu KABORE: « je cultive la laitue de novembre à décembre. Les mois de forte chaleur, il est difficile de produire cette culture. Aussi, je cultive du choux mais pendant la saison pluvieuse, on ne peut plus exploiter cet espace, car l’eau inonde ».
Certains maraîchers t&moignent que cette activité leur permet de subvenir à leurs besoins même si les conditions de production sont critiquées. Selon Matthieu KABORE, il peut gagner environ cinq cent mille (500 000) francs CFA dans l’année, en raison de dix mille (10 000) francs CFA la planche de salade. Mais ce prix varie en fonction des périodes, surtout dans le mois de février, la demande est en baisse. Pour Michel CONGO, cette diminution de la consommation des crudités est due, au vent sec et la poussière. « Vous savez, le travail que nous faisons est vraiment compliqué, car on peut dépenser dans les produits et ne pas pouvoir rentabiliser. Si les gens ne consomment pas, tout devient difficile », a-t-il déploré.
Mariam CONGO