L’incivisme est un mot qui prend tout son sens dans le comportement des Burkinabè. En circulation, à école, dans l’administration publique dans tous les domaines, ce vice gagne du terrain. Mère de beaucoup de problèmes sociaux, il a aussi accouché du stationnement anarchique qui tend à devenir une norme dans le comportement des usagers de la route.
Les stationnements anarchiques sont la manifestation concrète de l’incivisme à Ouagadougou. En effet, ils sont nombreux ces conducteurs de véhicules poids lourds et légers à se garer à n’importe quel emplacement de la chaussée, sans chercher à savoir si cela ne gênera ou pas les riverains et les usagers de la route ainsi que le code de la route.
Avec des chaussées restreintes, des véhicules se garent anarchiquement au bord des voies, bloquant ainsi le passage aux riverains et autres usagers qui sont souvent obligés de rouler sur leur gauche avec tous les risques d’accident que cela comporte. « Nous avons des magasins à coté de la maison. Chaque fois qu’ils viennent pour décharger la marchandise, c’est le même calvaire. Pour sortir de la cour tu dois négocier le passage, c’est inadmissible », confie Moussa, un riverain du quartier Kouritenga.
Un avis que Sévérin Ilboudo, usager de la route partage. S’ils sont nombreux ceux qui imputent cette situation au manque de parkings dans la ville, M. Ilboudo balaie du revers de la main cette opinion populaire. Pour lui, mettre cela en exergue, c’est faire preuve de mauvaise foi. « Vous avez des voies qui sont restreintes. Les clients des maquis qui sont au bord de la voie se garent sur ce même goudron, contraignant les usagers de la route à se coincer ou voire à faufiler entre les véhicules pour se frayer un passage. Cela est la preuve réelle de l’incivisme en circulation » déplore-t-il.
Dans ce méli-mélo, il y a aussi les minibus et les taximen qui viennent ajouter leur grain de sable. Délaissant les gares routières, ces véhicules n’ont le plus souvent pas un lieu fixe de stationnement et d’embarquement des clients. Toutes les chaussées où sont postés des clients sont bonnes à stationner. Déguerpis et sanctionnés à plusieurs reprises par les autorités municipales, ces « anarchistes » reviennent toujours sur leurs pas, après le départ des policiers. « Ici, ce sont les stationnements anarchiques des minibus qui posent des embouteillages. Ils laissent leurs gares pour venir stationner au bord de la voie. Quand on les déguerpit, deux jours après ils sont là », explique Seydou COMPAORE, commerçant.
Autant le dire, l’incivisme dans la circulation urbaine a pris des proportions inquiétantes. Il est temps de siffler la fin de la récréation au risque de voir les choses se dégrader davantage.
Edwige Sanou