Ces dernières années, les poupées africaines ont fait leur apparition dans la société africaine, certainement pour permettre aux petites filles africaines de s’identifier à elles et de mieux accepter leur culture. Pendant longtemps, les poupées « Barbie », fabriquées à l’image des Occidentaux ont servi de modèle aux fillettes, d’où leur réticence à accepter les poupées africaines.
En faisant le tour des rayons d’une alimentation de la place pour trouver un cadeau à sa fille en cette période de fêtes de fin d’année, dame Kabré propose à sa « choupinette » de prendre une poupée africaine. Mais sa proposition se heurte à un refus catégorique de la petite. A la question de savoir pourquoi, celle-ci confie à sa maman que ladite poupée « n’est pas belle, car trop noire». A l’instar de ce bout de chou, nombreuses sont les petites filles africaines pour qui beauté rime avec traits physiques de type caucasien, en l’occurrence occidentaux. En effet, les enfants sont habitués à des figurines sveltes avec une couleur de peau plus ou moins blanche, tout le contraire des poupées africaines qui ont le teint basané, c’est-à-dire sombre.
De l’avis de Mme Ouédraogo, mère de famille, les poupées africaines sont en phase d’introduction dans les habitudes de jeu des enfants. « C’est vrai que pour le moment il y a une certaine réticence de ces derniers, mais on se dit qu’avec le temps les enfants finiront par les adopter », confie-t-elle. Tout comme elle, Adissa Traoré pense que la réticence des enfants est due au fait que pendant très longtemps, ils ont été habitués aux poupées « Barbie », sans compter le fait que les poupées africaines viennent de faire leur apparition sur le marché.
À l’inverse, Rosine Tapsoba, mère d’une petite fille souligne : « Ma fille a sa poupée africaine qu’elle adore, elle n’est pas du tout complexée. Tout dépend de l’éducation et de ce qu’on met dans la tête de l’enfant. Si tu apprends à ton enfant que pour être belle il faut être de teint clair avec des yeux bleus, ne sois pas étonné qu’elle trouve que les poupées africaines ne sont pas jolies ».
De l’avis de l’éducatrice Kaboré, les parents ont une part de responsabilité dans la réticence des tout-petits. En effet, explique-t-elle, l’enfant est éduqué par ses parents. C’est l’attitude de la maman ou du papa qui détermine celle de l’enfant. « Si tu commences à offrir à ton enfant des poupées africaines dès son bas âge, comment celle-ci pourrait trouver qu’elles ne sont pas jolies ? Ces poupées sont à l’image des Africains ; il n’y a pas donc pas à être complexé », dit-elle. Selon elle, il faut encourager et même initier les petites filles à l’acceptation de ces jouets.
Compte tenu de leur couleur de peau plus foncée et de leur prix, les poupées africaines ne se vendent pas encore très bien. Reste à savoir si elles arriveront à s’imposer en Afrique et, pourquoi pas, dans le monde entier.
Edwige Sanou