Vingt-deux compagnies de transport observent un arrêt d’exploitation de 72h sur tous les axes routiers du pays à compter du lundi 07 janvier 2019. Réunies au sein de la Fédération nationale des acteurs du transport routier du Burkina (FENAT-BF), ces grandes compagnies de transport dont la Société de transport Aorèma et frères (STAF) et la compagnie Transport Sana Rasmané (TSR), qui concentrent à elles deux pratiquement 90% du transport interurbain du pays, haussent ainsi le ton face à la lenteur du gouvernement dans la résolution de leurs problèmes et au non-respect des engagements. Selon elles, l’augmentation du prix du carburant, qui n’est pas allée de pair avec celle du prix des tickets, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et le dernier supplice dont la charge les conduit inexorablement à déposer le tablier.
Les compagnies de transport roulent à perte depuis que le prix du carburant à la pompe a connu une hausse de 75 francs CFA ; cette augmentation n’ayant pas été suivie d’effet sur le prix du ticket. « Nous sommes à une consommation hebdomadaire de 310 000 litres de carburant et lorsque vous faites un calcul rapide, nous sommes déjà à 23 250 000 FCFA par semaine de surplus par rapport à notre exploitation habituelle. Ce qui fait un cumul de l’ordre de 100 000 000 FCFA le mois. Cela fait environ deux mois que nous supportons cette situation sans oublier que nous avons des salaires à honorer et le parc automobile à renouveler pour satisfaire la clientèle », explique Ismaël Ouédraogo, représentant de STAF. Pour atténuer cette situation et pour que les populations n’en payent pas les frais, des concertations avaient été engagées avec le gouvernement le 19 novembre 2018. Lors de ces rencontres, les autorités avaient demandé aux transporteurs de maintenir les prix en l’état, eu égard à la situation financière et sécuritaire du pays. En contrepartie, elles s’engageaient à trouver des solutions aux préoccupations des transporteurs qui sont, entre autres, les problèmes fiscaux (patente, TVA), les tracasseries routières, les rackets, les ralentisseurs anarchiquement mis sur les voies et l’harmonisation de la visite technique avec les normes sous-régionales.
Deux mois après cet engagement du gouvernement burkinabè, les lignes n’ont pas bougé, selon la Fédération nationale des acteurs du transport routier du Burkina Faso (FENAT-BF), qui est la faîtière des grandes compagnies de transport et des syndicats de transport. Face à la presse ce lundi 31 décembre 2018, son secrétaire général, Bonaventure Kéré, explique que les sociétés de transport en commun sont en train de s’étouffer en raison des charges supplémentaires qu’engendre ce statu quo des prix dans ce contexte d’inflation du prix du carburant à la pompe. Roland Sow, P-DG d’Elitis Express, note que le carburant, la matière première des transporteurs, constitue à lui seul 40% des charges des sociétés et représente 50% de leur chiffre d’affaires. « A l’état actuel, il y a un surplus de charges de 15% sur la consommation habituelle de carburant. Si nous continuons à fonctionner ainsi, nous allons tomber en faillite », argumente-t-il
Face à la lenteur du gouvernement à apporter des solutions adéquates à leurs préoccupations, les sociétés de transport en commun ont décidé de hausser le ton. Du 07 au 09 janvier 2018, aucun car affilié à la FENAT ne va prendre la route. « Les compagnies de transport en commun observent un arrêt d’exploitation de 72h sur tous les axes routiers du pays à compter du lundi 07 janvier 2019 », a annoncé Bonaventure Kéré. Bien avant cet arrêt de la desserte sur toute l’étendue du territoire national, chaque société de transport va procéder à partir du 05 janvier 2019 à un réajustement des prix de ses tickets en fonction du coût de ses charges. Ce qui signifie qu’à partir du premier week-end du mois de janvier, on pourrait assister à une augmentation du prix du ticket de transport, et ce, malgré l’assurance donnée aux populations par Paul Kaba Thiéba et ses ministres.
Ces mesures prises par la FENAT à l’instar de la conférence de presse de ce dernier jour de l’année 2018 se veulent une pression supplémentaire des transporteurs sur le gouvernement afin que celui-ci accélère le processus de résolution de leurs préoccupations avant qu’ils ne déposent le tablier. « Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous sommes amenés à prendre une telle décision. Mais nous espérons que face à cela le gouvernement va réagir. Ces frais supplémentaires nous mènent à la faillite et quelque chose doit être fait », a martelé Bonaventure Kéré ainsi que les autres patrons et représentants de sociétés de transport et de syndicats qui étaient présents à cette rencontre avec les hommes et femmes de médias.
Les conférenciers du jour ont aussi souligné que sur chaque ticket de transport payé, l’Etat à 910 francs CFA. De plus, ont-ils confié, que rien que sur l’axe Ouaga-Bobo, plus de 150 ralentisseurs anarchiques et hors normes sont érigés. Toute chose qui contribue à amortir les moteurs et accélère le vieillissement des véhicules.
Au total, ce sont vingt-deux sociétés de transport dont STAF, TSR, Rakiéta, Rahimo, Elitis express, TCV qui composent la FENAT.
Candys Solange Pilabré/ Yaro