Depuis ce lundi 26 novembre 2018, le général Gilbert Diendéré distille Ses vérités. Il se présente comme une âme bienveillante et pacifique, mieux, un saint ayant pour préoccupation la défense de la démocratie et, par ricochet, la sauvegarde de l’intégrité territoriale de sa chère patrie le Burkina Faso. Son frère d’armes devenu, par le hasard de l’histoire, président puis Premier ministre de la transition est décrit par l’homme lige de Blaise Compaoré comme un opportuniste machiavélique ayant dilapidé à souhait les deniers publics. Les coffres-forts de Kosyam auraient été vidés par Yacouba Isaac Zida, qui se serait offert la conscience collective d’organisations majeures de la société civile et l’approbation de soldats avides d’espèces sonnantes et trébuchantes. « On voulait me liquider car apparemment, je gênais ceux qui étaient au pouvoir. Je les empêchais non de tourner mais de détourner en rond. Zida a donné 25 millions à un soldat (sergent) qui était au niveau de la cuisine pour empoisonner ses camarades », foi de Diendéré. Non sans avoir précisé qu’il reste lui aussi un commando averti et espiègle pouvant déjouer les plans les plus diaboliques.
L’ex-chef d’état-major particulier de la présidence du Faso, après avoir assumé le putsch au lendemain de son échec, se défausse et affirme qu’il n’était en réalité qu’un acteur sollicité, mieux, un catalyseur de paix épris de cohésion sociale. « Le plus grand tort a été d’avoir fait ce putsch. Aujourd’hui, quand on parle de démocratie, on ne peut pas se permettre de faire des actions de ce genre. Je n’ai pas peur d’affronter la justice. Je prends toutes mes responsabilités. J’assume pleinement ma responsabilité. Je répondrai aux questions qu’on me posera. Je ne vais pas nier qu’il y a eu des morts », disait-il sous le feu des projecteurs des médias du monde. Mais le général Diendéré, aujourd’hui, relativise. Des organisations de la société civile, des personnalités politiques et religieuses, la hiérarchie militaire auraient même donné leur quitus, voire leur bénédiction, à ce coup de force « salvateur » justifié.
Grotesques élucubrations d'un officier félon, selon certains ; l’heure de la vérité et des faits réels, selon de fervents supporteurs de celui qui est perçu comme la « boîte noire » des forces armées burkinabè.
Toutes les personnes citées par le général de brigade devraient être entendues. Cela prendra le temps qu’il faudra ; éventuellement une éternité. Au demeurant, tout cet imbroglio juridico-politique serait assimilable à une théâtralisation bien orchestrée pour divertir une population en quête de justice et surtout de vérité afin de prétendre au pardon, gage de réconciliation.
Le général Diendéré bénéficie, pour l’instant, de la présomption d’innocence reconnue par la loi fondamentale. Il a clamé, droit dans ses bottes : « Je n'ai ni commandité, ni planifié, ni exécuté un quelconque coup d'Etat. J'ai assumé une situation donnée le 17 septembre 2015. »
Une déclaration qui renvoie à une perception dualiste du journaliste Norbert Zongo : « Quand on a le courage de dire "Tuez-le!", il faut avoir le courage de dire "c'est moi qui ai dit de le tuer. »
L’histoire est un prématuré qui a longue vie.
Boubié Richard Tiéné