Ouagadougou, capitale africaine des engins à deux roues, se caractérise par son trafic routier extrêmement dense et son corollaire d’accidents multiples. Dans le but d’en réduire le nombre et de fluidifier la circulation routière, les autorités nationales ont décidé d’ériger des ralentisseurs sur les grands axes dans les villes et villages du pays. Mais très vite, cela a ouvert la porte à des excès dans la mesure où le nombre de dos d’âne érigés de façon anarchique s’est accru de manière exponentielle, avec pour conséquence directe des pertes en vies humaines par suite d’accident ainsi que la dégradation des engins accidentés. Compte tenu de la dangerosité de ces ralentisseurs sauvages, on se rappelle que le 8 mai 2018 le gouvernement burkinabè avait lancé une campagne de démolition de ceux-ci sur l'ensemble du territoire national.
Il est difficile, voire impossible, de parcourir plus d’un kilomètre sans apercevoir de ralentisseurs dans la ville de Ouagadougou. Dans les quartiers, les « six mètres », ceux-ci sont bien là malgré la campagne de sensibilisation et la destruction de certains. Même constat sur les grands axes du pays. Cela n’est pas sans conséquences, aussi bien sur les gros engins que sur les petits.
Faits souvent à partir de troncs d’arbres, de pierres, de pneus usés, de fers, ces « gendarmes couchés » sont très souvent à l’origine d’accidents, sans oublier l’état dans lequel ils mettent les engins des usagers. « Moi, j’ai une petite voiture et c’est vraiment difficile de circuler à Ouaga à cause de ces ralentisseurs anarchiques. Cela abîme les voitures et fait que chaque mois, tu es chez le garagiste pour les mêmes pannes», se plaint Mme Sib.
Vélos, motos, taxis-motos, voitures, tous subissent le même sort. « Déjà les routes ne sont pas en bon état, donc avec ces ralentisseurs c’est vraiment difficile de circuler. Avant quand tu payais une moto tu pouvais faire 5 à 10 ans et elle était toujours en bon état. Maintenant en moins de trois ans elle est déjà amortie », déplore quant à lui Hamidou, mécanicien.
Les transporteurs routiers sont l’une des principales victimes de cette déplorable situation. « L’impact des ralentisseurs anarchiques sur nous est considérable », reconnaît Bonaventure Kéré, secrétaire général du Syndicat national des transporteurs routiers et voyageurs du Burkina (SNTRV-B).
Selon lui, d’abord cela entraîne le prolongement du temps mis pour effectuer les trajets et un surcoût en matière de carburant. En plus, le système de freinage des véhicules pâtit de ces dos d’âne. « C’est également coûteux pour le gouvernement parce que vous remarquerez qu’au niveau de ces ralentisseurs, la chaussée se dégrade plus rapidement », a-t-il ajouté.
Il faut bien l’admettre, l’argument selon lequel on peut limiter la vitesse grâce aux ralentisseurs a montré ses limites. « Nous pensons qu’il serait plus facile pour le gouvernement de mettre en place sur toutes les grandes voies de vrais radars ; pas des appareils photographiques qui permettront aux policiers de racketter les usagers de la route, mais de vrais radars qui captent la vitesse exacte des véhicules. Ainsi, si un véhicule est pris pour excès de vitesse, on sanctionne le conducteur », a conclu M. Kéré.
Edwige Sanou