L’élevage est une activité phare au Burkina Faso dans la mesure où elle occupe une place sociale et économique majeure dans le développement du pays. Selon le ministère des Ressources animales, cette activité contribue pour plus de 18% au PIB et à hauteur de 26% au total des exportations, ce qui en fait le troisième pourvoyeur de devises après l’or et le coton. Cependant au Burkina Faso, une réglementation interdit cette pratique en ville, compte tenu du danger qu’elle représente pour les citadins. En effet, selon l’article 39 de la loi N° 022-2005/AN portant Code de l’hygiène publique, l’élevage des ruminants en zone urbaine aménagée est interdit. Il est également interdit en ville la divagation de tout animal. Mais le constat est que cette réglementation est foulée aux pieds par certains, sans le moindre souci du tort qu’ils causent ainsi au voisinage.
Le bétail, la volaille et les animaux de compagnie font partie intégrante du quotidien des Ouagalais avec tous les risques que cela comporte. En effet, l’élevage en ville a pour conséquence immédiate la divagation des animaux dans les rues de la capitale. Ces bêtes constituent un réel danger pour les usagers de la route d’autant plus qu’elles sont souvent à l’origine d’accidents de la circulation dont certains sont meurtriers. En outre, ces animaux qui divaguent sont très souvent à l’origine de la dégradation du couvert végétal urbain. « Chaque matin, un troupeau de bœufs passent devant ma porte. A leur passage, ils broutent les fleurs de la devanture de ma cour. Quand je veux sortir, il faut que j’attende que le troupeau ait fini de passer. A cela s’ajoute le fait que ces animaux laissent des excréments à leur passage », se plaint Mme Minoungou.
En effet, ils sont nombreux les Ouagalais qui vivent pareil calvaire, très souvent dans le silence, parce qu’ils ne veulent pas mettre à mal le bon voisinage qui est une qualité reconnue aux Africains. Sauf que cette situation est à l’origine de nombreux problèmes de salubrité. « Mon voisin élève des chevaux devant sa porte dans un enclos. Ils ne songent pas à son nettoyage quotidien, si bien qu’il s’en dégage des odeurs nauséabondes à longueur de journée. Et le jour où ils nettoient cette sorte d’écurie, ils déversent dans la rue les eaux sales mélangées aux excréments de leurs équidés», s’indigne un Ouagalais. Marianne Traoré abonde dans le même sens en témoignant : « Le chien d’un voisin a mordu ma fille devant notre porte. Certains prennent des chiens pour soi-disant garder leurs maisons, qu’ils laissent en divagation. Finalement pourquoi prendre un chien si c’est pour le laisser divaguer. Il faut que les autorités municipales fassent quelque chose. »
Tout cela est souvent à l’origine de nombreux conflits sociaux, car certains éleveurs refusent de reconnaître leurs torts ou ferment les yeux sur les dommages causés au voisinage et aux riverains par leurs animaux, ce qui est incivique.
Pour juguler le phénomène, les autorités municipales ont adopté une nouvelle loi portant lutte contre la divagation des animaux qui a été rendue publique le 9 septembre 2017 par le maire de la commune de Ouagadougou, Armand Béouindé. Conformément à ladite loi, tout animal en divagation capturé et mis en fourrière ne sera plus remis à son propriétaire. Il sera soit vendu, soit offert à des œuvres sociales. En attendant de voir l’efficacité de cette mesure, on peut affirmer que jusqu’à présent, l’élevage et la divagation des animaux dans la ville de Ouagadougou demeurent bel et bien une réalité.
Edwige Sanou