Le maraîchage est l’une des principales activités génératrices de revenus au Burkina Faso. En milieu rural comme en zone urbaine, il est pratiqué aussi bien aux abords des canaux d’écoulement des eaux qu’à côté des barrages et autres points d’eau. Ces jardins constituent une source d’approvisionnement en légumes et fruits frais pour la population de la ville. Tomate, salade, aubergine, chou, carotte, laitue, persil, céleri, etc., sont disponibles à n’importe quelle période de l’année grâce à cette activité, au grand bonheur des Ouagalais. Certes, il est conseillé de manger cinq fruits et légumes par jour, mais savons-nous réellement ce qui se retrouve dans nos assiettes, eu égard à l’utilisation de plus en plus grande des pesticides dans ces jardins ?
Le maraîchage, une culture de contre-saison, contribue à la promotion de l’autosuffisance alimentaire. Cette pratique est en pleine expansion au Burkina et permet de disposer de légumes frais à n’importe quelle période de l’année et ainsi, de mettre de la couleur dans l’assiette du consommateur. Le hic, c’est que pour pouvoir répondre à la forte demande du marché, ils sont nombreux, les jardiniers qui ont recours aux pesticides.
En effet, ces dernières années l’usage des pesticides (herbicides et insecticides) a pris une certaine ampleur dans l’agriculture au Burkina Faso. Il y a quelques années, ces produits chimiques étaient surtout utilisés par les producteurs de coton, mais les maraîchers sont, aujourd’hui, également entrés dans la danse en dépit du risque sanitaire que cela constitue. Selon certains producteurs, l’utilisation des pesticides serait indispensable au jardinage. « Pour réussir le maraîchage, l’utilisation des pesticides est indispensable, parce que pour commencer, il faut traiter le sol, ensuite les pépinières. Une fois la mise en terre effectuée, tous les dix jours il faut pulvériser ces produits contre les chenilles ainsi que les insectes. En plus, il faut mettre de l’engrais de temps en temps. Sans tout cela, tu ne peux pas espérer avoir grand-chose », nous a confié Etienne, producteur.
À en croire ce dernier, une dizaine de pesticides seraient utilisés dans les jardins pour le maraîchage, sans le moindre contrôle, cela au grand dam des consommateurs. « Il y a plusieurs types de pesticides. Tout dépend de la plante. Il y a des produits qui peuvent bien marcher avec certaines plantes et pas avec d’autres », ajoute-t-il.
Faut-il le rappeler, elle est bien loin, voire révolue, l’époque où l’on pouvait se vanter de consommer des produits bio au Burkina. « Ce que nous consommons de nos jours n’est pas bio. Au marché quand tu vois les carottes, elles sont aussi grosses que des concombres, mais elles sont fades», déplore Mme Ouédraogo. « Le plus triste, c’est que cela rend difficile la conservation de ces produits, sans compter les risques que cela représente pour la santé des consommateurs », ajoute-t-elle.
L’engouement des producteurs pour les pesticides entraîne l’inondation du marché par toute sorte de produits dangereux pour la santé humaine et animale. C’est pourquoi avant toute consommation de ces légumes et fruits, il est recommandé de bien les laver à l’eau et au savon, voire à l’eau de Javel, pour atténuer l’effet des pesticides, d’autant plus qu’avec les fêtes de fin d’année qui se profilent à l’horizon, les légumes et fruits seront beaucoup consommés.
Edwige Sanou