Au Burkina Faso, les gens ont maintenant de plus en plus recours aux centres de santé en cas de maladies. Mais, les établissements de santé du Burkina sont confrontés à d’énormes difficultés dont l’insuffisance d’infrastructures adaptées, l’insuffisance de formation du personnel de santé à la prévention des infections, l’absence de politiques d’harmonisation des pratiques de soins, l’insuffisance des ressources financières l’absence/l’insuffisance de promotion de la culture de l’excellence et de l’hygiène des soins ainsi que l’insuffisance de plateaux techniques médicaux adaptés. En plus de tous ces problèmes, certains centres de santé manquent du minimum même pour le bien-être des patients, à savoir l’hygiène. Pour pallier à ce problème, en 2003, il a été adopté le Programme national d’assurance, qualité. En 2008, le pays s’est aussi doté d’une stratégie nationale d’hygiène hospitalière qui a été relue en 2015. Malgré cela, le problème d’hygiène dans les formations sanitaires persiste.
Au Burkina Faso, au lieu d’être un centre de soins, certains centres de santé sont souvent sources de maladie ou d’aggravation des cas des malades. Cela, à cause du mauvais aménagement de certains centres de santé entrainant une stagnation des eaux usées et de pluie. Cela favorise une multiplication des moustiques. Conséquences, certains patients se plaignant d’un mal bénigne, une fois hospitalisées, contractent d’autres maladies, dues notamment à l’environnement et le cadre de la formation sanitaire. Dans plusieurs des cas, les malades qui sont hospitalisés se retrouvent à la merci des moustiques, d’où le paludisme ou la dengue. « Les centres de santé sont devenus un lieu de prolifération par excellence du paludisme. Les moustiques par ci, les moustiques par là et surtout à toute heure de la journée. En plus de cela, l’hygiène n’est pas toujours au rendez-vous. J’ai été hospitalisé à cause du paludisme pendant une semaine. Je vous assure qu’avant ma sortie mon dernier examen à révélé que j’avais la dengue », explique Ali ILBOUDO, un commerçant qui impute cela aux moustiques qui régnaient en maître dans le CSPS où il était hospitalisé.
Outre cela, les centres de santé au Burkina sont aussi connus pour leur insuffisance de lits pour les patients, obligeant certains à se retrouver à même le sol. En effet, ils sont des dizaines qu’on retrouve dans les couloirs des centres de santé, recevant leurs soins couchés à même le sol. Des couloirs qui sont libres d’accès à tous visiteurs avec tous les risques que cela représente pour les malades. « Après des malaises, je me suis réveillée à l’hôpital, mais faute de lits, j’ai été couché sur un pagne au sol. Ce n’est qu’après les premiers soins, que mes accompagnants ont pu me coucher sur une natte qu’ils ont payée. Imaginez un peu tous les microbes que j’ai pu récupérer en venant tout simplement chercher la santé », se plaint une victime qui a voulu garder l’anonymat.
Si le manque de moyens peut coûter la vie à des patients même si cela n’est pas imputable aux agents de santé, il faut noter que certains tout de même de leurs actes contribuent par moment à mettre en danger la vie des malades. Mme KABORE nous confie sa mésaventure. « J’avais mon enfant qui ne sentait pas. Je l’ai emmené en consultation. Pour prendre la température de mon enfant, l’infirmière a enlève le thermomètre sous l’aisselle d’un monsieur qui était vraiment mal en point pour le mettre directement sous l’aisselle de mon bébé qui n’a que deux ans, sans désinfecter le thermomètre. Je suis tombée des nues face à cette négligence de l’infirmière. Ce geste doit être un minimum dans les centres de santé ».
Dans ce méli-mélo, il faut aussi reconnaitre que les patients, les visiteurs ou accompagnateurs ont leur part de responsabilité dans ce problème d’hygiène, car ils ne respectent pas à tout moment les consignes d’hygiène imposée par les centres de santé. « Compte tenu de la politique de notre centre de santé, il est formellement interdit d’y rentrer avec une nourriture. Mais, il y a des visiteurs que se cachent pour faire rentrer la nourriture. Ils vont manger dans des endroits où il ne faut pas, ils vont jeter les sachets ou les papiers n’importe où. Tout cela va envoyer des cafards à l’hôpital et ils seront les premiers à aller dire tels centre de santé est sale. C’est vraiment dommage. Il faut que les gens comprennent que les consignes d’hygiène c’est d’abord pour leur bien-être » explique clarisse OUEDRAGO, une infirmière.
L’application de certains gestes simples individuels et collectifs d’hygiène, accessibles et à moindre coût, peut être un élément fondamental pour la réduction de la morbidité et la mortalité imputable aux infections.
Compte tenu de son importance pour le bien-être aussi bien pour le patient et pour les travailleurs des centre de santé, il y a lieu de porter un regard minutieux sur cet aspect de nos centres de santé.
Edwige SANOU