La scolarisation précoce est un phénomène de plus en plus en vogue au Burkina. En effet, Il s’agit de scolariser les enfants, dès l’âge de deux ans. La scolarisation précoce est un phénomène récurrent aussi bien dans le primaire que dans le préscolaire dans la ville de Ouagadougou, notamment dans les établissements privés qui inondent d’année en année la capitale. Face à ce phénomène, les avis sont partagés. Si les parents voient en cela un avantage pour leurs progénitures, les spécialistes de l’éducation quant à eux considèrent cette scolarisation précoce comme un danger pour le bon déroulement du cursus scolaire des enfants.
Au Burkina Faso, on constate de plus en plus que des enfants de moins de trois ans sont scolarisés. Pourtant, le décret n°2009-228/PRES/PM/MEBA/MESSRS/MASSN/MATD du 20 avril 2009, fixe les âges d’accès au préscolaire et au primaire respectivement à trois et à six ans révolus au 31 décembre de l’année considérée. Ils sont nombreux les enfants qui sont en deçà de l’âge légal. Nombreux sont ceux qui pensent que la Scolarisation d'un enfant avant ses trois ans est une chance pour lui, dans la mesure où cela assurerait son éveil et lui garantirait une éducation adaptée, en permettant à l’enfant de bien maitriser le langage assez tôt.
En plus, il faut noter que l’une des raisons principales de la scolarisation précoce est le cadre sécurisant que représente ces écoles pour les enfants. Aussi, les parents estiment-ils que les établissements scolaires sont susceptibles de contribuer à l’éducation des enfants, même ceux inscrits avant l’âge requis. En effet, selon eux l’école prépare progressivement les apprenants, à affronter les apprentissages utiles en les amenant à adopter certaines habitudes telles que le lavage des mains avant les repas, la discipline etc.
Ces arguments sont battus du revers de la main par les spécialistes de l’éducation qui n’approuvent pas cette pratique qu’ils jugent dangereuse pour le développement psychologique de l’enfant. « Quand on scolarise précocement l’enfant, après l’enfant stagne à quelque part. Normalement un enfant doit commencer la maternelle à partir de trois ans pour la petite section, quatre ans pour la moyenne section, cinq ans la grande section et le CP1 à six ans », confie Mme KABORE une éducatrice. Pour elle, cette pratique n’est pas à encourager en ce sens que cela a des répercussions sur le cursus scolaire des enfants.
M. OUEDRAGO, psychologue
M. OUEDRAGO, psychologue, abonde dans le même sens pour signifier le danger que cela peut représenter. « L’enfant à l’âge de deux ans a plus besoin de l’affection et de la protection de sa mère symbolique pour bien se construire psychiquement. Cela manque à l’école et l’enfant pourrait développer un trouble grave de personnalité, voire des maladies psychiatriques. Donc bien évidement, cela aura un impact négatif sur le plan psychique », déplore-t-il. Pour lui, un enfant de deux ans n’a pas les mêmes besoins qu’un enfant de trois ans. L’entrée précoce en maternelle ne lui sera donc pas adaptée, du moins pas dans les conditions d’accueil actuelles. A l’heure où l’enfant de 2 ans a besoin d’une grande attention et d’un sentiment de sécurité, de "relations personnalisées avec un adulte dans un cadre sécurisé, il se retrouve plongé dans un groupe important alors même qu’il ne se positionne pas encore dans un groupe et qu’il ne parle pas ou peu, rendant ainsi la communication très difficile.
Malgré ces griefs, la scolarisation précoce ne doit pas être complètement rejetée, car des spécialistes et des acteurs de l’éducation renchérissent pour signifier que les effets pervers de ce phénomène peuvent être atténués grâce à un suivi continu et rigoureux des scolarisés précoces. Toutefois, la tâche revient à tous les parents qui désirent scolariser les enfants avant l’âge requis, de consentir des efforts pour combler le gap en termes d’équilibre physique, psychique et psychologique.
Edwige SANOU