Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on estime à 6% le nombre de décès infantile dus à des anomalies congénitales, chromosomiques ou non. Au Burkina Faso, mettre au monde un enfant malformé ou handicapé semble être signe de malédiction pour certains, ce qui entre autres explique l’abandon de ces innocents. Créé en 2017 sur un projet de l’ex-Direction Régionale de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale du Centre, l’Hôtel Maternel de Ouagadougou est un centre d’Accueil des Enfants en Détresse (CAED). Ce centre est particulier en ce sens qu’il ne prend pas les orphelins, mais s’occupe exclusivement des enfants privés de familles (enfants trouvés/abandonnés) âgés de 0 à 15 ans et aussi des filles mineurs en grossesse de moins de 18 ans. Ils sont nombreux ces enfants malformés qui y trouve un foyer familiale.
L’Hôtel maternel de Ouagadougou compte actuellement quatre-vingt (80) enfants dont Huit (08) handicapés. Il a pour objectif général de contribuer à la protection et à la promotion sociale des enfants et adolescents marginalisés ou exclus. « Il a pour mission entre autres l’accueil, l’hébergement et les soins des enfants de 0 à 15 ans, l’insertion et la réinsertion sociale et familiale des enfants et adolescents marginalisés ou exclus » indique le directeur de l’hôtel, Salifou YOUNGA.
Plusieurs raisons expliquent cet état de fait. Selon l’OMS l’exposition des femmes enceintes au tabagisme passif augmente de 13% le risque de malformation congénitale chez l’enfant. L’organisation pointe du doigt d’autres facteurs environnementaux potentiellement liés à ces anomalies, telles que les expositions à des pesticides.
Au Burkina Faso, ils sont nombreux ces enfants malformés qui se voient rejetés et abandonnés par leurs géniteurs, parce qu’étant différents des enfants dits normaux. Abandonnés à leur triste sort, ces enfants pour les plus chanceux sont recueillis par l’hôtel maternel. Si pour certains parents avoir un malformé comme enfant représente une honte aux yeux de la société, pour d’autres, cela est un signe de malédiction qui pourrait même menacer l’harmonie de la famille.
Une seconde chance, un foyer, une protection familiale, c’est que représente l’hôtel maternel pour ces rejetés dont l’adoption est très difficile. Contrairement aux autres enfants abandonnés, les enfants malformés ne trouvent le plus souvent pas de foyer familial pour les recevoir. « Ces handicapés n’ont pas de chance comme les autres d’être adoptés et cela explique leur durée de vie dans notre structure. Cela est d’autant plus difficile dans un contexte de cherté de la vie aggravée par la faiblesse du budget…», explique le directeur du centre.
Edwige SANOU
Alexiane YAMEOGO stagiaire