Selon les résultats d’une enquête multisectorielle publiés en début janvier 2016, le taux de chômage est estimé à 6,6% de la population active, âgée de 15 ans et plus au Burkina Faso. Ce taux est de 8,6% chez les jeunes de 15 à 24 ans. Il est encore plus élevé chez les jeunes filles, (30%), selon l’étude. Cela témoigne de la vulnérabilité de la femme dans l’accès à un emploi décent au Burkina. Malgré cette difficulté, elles sont nombreuses ces femmes qui ont décidé de ne pas tomber dans la fatalité. Parmi ces femmes, on a les balayeuses de sable. Ne dit-on pas qu’il n’y pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens !
Au Burkina Faso, l’accès à un emploi décent est un réel défis voire un luxe pour bon nombre de Burkinabè. En effet, selon les statistiques, le taux de chômage est assez élevé au sein de la jeunesse en général et plus particulièrement chez les femmes. Plusieurs raisons expliquent cette vulnérabilité de la femme. Il y a entre autre le manque de formation, la déscolarisation et l’analphabétisme. Pour toutes ces raisons, nombreuses sont ces femmes qui peinent à avoir un emploi décent. Pour vaincre l’adversité, d’autres ont décidé de prendre « le taureau par les cornes », et ce, malgré les nombreuses difficultés. De celles-là, on compte Awa KOUADIO.
Du haut de ses 1m60, la trentenaire Awa KOUADIO, mariée mère de trois (03) enfants, balaie le sable pour s’occuper de sa petite famille. De teint noir, la silhouette troublante, avec un ventre rebondi qui traduit certainement la présence d’un fœtus, le regard évasif, Awa s’active dans son activité. Chaque matin, la jeune mère sillonne les artères de la ville pour balayer le sable. Une fois recueilli, le sable ou les graviers sont vendus à sept cent cinquante francs (750) CFA le tas. Selon Awa, cette activité lui permet de nourrir sa famille, même si elle juge qu’elle n’est pas rentable.
A l’instar d’Awa KOUADIO, on remarque de plus en plus de femmes de la ville de Ouagadougou qui balaient les rues pour recueillir le sable ou les graviers qu’elles revendent afin de subvenir un temps soit peu à leurs besoins.
A les entendre parler, ces dames ne sont pas dans ce métier par gaité de cœur. Elles y sont contraintes à cause des difficultés de la vie. « Je le fais parce que je n’ai pas un autre travail, alors que j’ai besoin d’argent. Je le fais pour me débrouiller. C’est mieux que de s’asseoir et compter sur des gens », confie Mme KOUADIO.
Le métier, certes, permet aux femmes d’assurer leur pain quotidien, mais il faut le reconnaitre cela n’est pas sans conséquences sur leur santé. En effet, ces dames sont confrontées à plusieurs difficultés. « Le métier est difficile. Mais on ne peut pas se plaindre dans la mesure où ce n’est pas quelqu’un qui nous a mis dans ce travail, sinon nous faisons face à plusieurs difficultés », signale-t-elle.
L’une des difficultés est le manque de protection qui a des répercussions sur la santé de ces femmes. « Nous n’avons pas des cache-nez ni de quoi protéger les yeux de la poussière. Ce qui fait fait que nous sommes permanemment enrhumées. En plus de cela il y a la toux et les maux d’yeux», explique Mme KOUADIO. Aussi, compte tenu du soleil brulant de Ouagadougou, ces dames sont obligées de se réveiller à l’aube pour commencer le travail avant que le soleil ne soit au zénith. Certaines d’entre elles qui ont des enfants viennent avec leurs nourrissons sur les lieux de balayage, ce qui les expose à plusieurs maladies telles le rhume, la pneumonie et la toux.
Edwige SANOU