De nos jours, la mendicité est un fléau qui prend une proportion inquiétante dans nos contrées. Des enfants, des personnes âgées, des handicapés et même des mères des jumeaux, S’y adonnent allègrement à Ouagadougou. La scène la plus déplorant est celle dans laquelle sont exposés des jumeaux, ce, souvent au nom de la tradition. Selon le ministre de la femme, de la solidarité nationale et de la famille, madame Laurence ILBOUDO/MARCHAL, des enquêtes menées par les services compétents, font ressortir que la première occupation des enfants dans la rue est la mendicité avec 4 226 cas recensés, soit 46,6 % de la population cible. En outre, les statistiques révèlent que 10% de l’effectif total soit 897 enfants âgés de 0 à 5 ans, sont généralement utilisés par des mères pour mener la mendicité.
Avoir un enfant en Afrique est une joie immense, en avoir deux ou plusieurs en un seul accouchement est un bonheur incommensurable. Cependant, selon certaines traditions, les mères des jumeaux doivent se promener avec leurs enfants, afin de les montrer à tout le monde et faire ipso facto une quête sacrée. Aussi, sont-elles nombreuses ces mères des jumeaux que l’on voit dans les artères de la ville de Ouagadougou, dans les rues, les marchés et surtout devant les mosquées, souvent au feu tricolore assises à même le sol avec deux bols identiques qui leurs servent pour recueillir les présents pour leurs progénitures. Ces bébés ou ces enfants accompagnés de leur mère sont tous, exposés au soleil, à la pluie, à la poussière, à l’insalubrité et aux maladies.
Pour certaines traditions, si les jumeaux ne quémandent pas, ils ont de fortes chances de mourir à la fleur de l’âge. Ils peuvent aussi tomber malade ou même une malédiction peut frapper leur famille. Egalement, selon d’autres croyances, certains de ces enfants exigent que leur mère mendie. « C’est la tradition qui pousse certaines femmes à aller dans les rues pour quémander, sinon ce n’est pas leur choix. Si la maman ne le fait pas, les jumeaux tombent fréquemment malades. Il y va du bien-être des enfants », explique safiatou ZARE, mère de jumeaux.
Pourtant, il y a des jumeaux qui sont nés et qui n’ont jamais connu la rue. « Les jumeaux ne sont pas pareils. Il y en a qui sont compliqués, d’autres pas. Donc certains exigent les sorties, d’autres par contre n’en veulent pas », Confie Mme ZARE.
Toutefois, elles sont nombreuses ces mères qui profitent de cette tradition, pour faire de la mendicité leur activité génératrice de revenue. En effet, beaucoup de femmes qui sont dans les rues n’y sont pas à cause de la tradition, mais, pour avoir le pain quotidien. « Je suis dans la rue parce que nous n’avons pas les moyens, prendre en charge deux enfants à la fois n’est pas du tout facile. Sinon mes jumeaux ne me le réclament pas », indique Mme ZARE. Selon les explications de cette mère de jumeaux, elle faisait son commerce au marché de quinze yaar. Depuis la venue des jumeaux, elle n’arrivait plus à s’occuper de ses affaires et des bébés à la fois. Raison pour laquelle, elle a décidé d’abandonner le commerce au profit de la mendicité. « Je n’ai pas suffisamment de lait pour les jumeaux. C’est pourquoi, si je ne mendie pas, je ne pourrai pas les nourrir. Mendier est mieux que voler », se justifie t-elle.
Au regard de cette situation inquiétante qui met en péril la santé, l’éducation et le bien-être des enfants, l’Etat a pris un certain nombre de mesure afin de réduire la présence des enfants en situation de mendicité. Ainsi, conformément aux lois et textes en vigueur, la présence des enfants dans la rue, est répréhensible comme le stipule la loi n°029-2008/AN du 15 mai 2008 portant lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilés.
Edwige SANOU