dimanche 8 décembre 2024

Recrutement à la CNSS : « Le DRH s’est taillé la part du lion en embauchant toute sa maisonnée », Seydou KONE, secrétaire général de la Coordination du comité CGTB de la CNSS

20180705 111856Le 20 juin dernier, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) affichait les noms des 85 personnes admis à son test dont le processus a été lancé depuis janvier 2018 avec le soutien de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE). De ces résultats, la Coordination des comités CGTB de CNSS, s’en démarque, car ayant relevé un manque de transparence dans le processus de recrutement de ces nouveaux agents. Elle demande donc que des diligences soient entreprises afin que toute la lumière soit faite sur ce processus de recrutement «  douteux » qui a vu l’admission de bon nombre de proches du directeur des ressources humaines, par ailleurs organisateur en chef de ce recrutement. Dans une interview accordée à Radars Info Burkina, monsieur Seydou KONE, secrétaire général de la Coordination du comité CGTB de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), revient sur cette affaire « sombre » et condamne de ce fait les recrutements familiaux au sein des institutions républicaines comme la CNSS.

 

Radars Info Burkina : Le mercredi 04 juillet dernier, la Coordination du comité CGTB de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) au cours d’une conférence de presse dénonçait le caractère mafieux des derniers recrutements de la CNSS. Est-ce que vous pouvez revenir sur cette affaire qui dérange beaucoup la coordination ?

Seydou KONE : Nous avons constaté que dans le cadre du recrutement du personnel externe de la CNSS, le Directeur des ressources humaines (DRH) qui est l’organisateur en chef de ce recrutement s’est taillé la part du lion en embauchant toute sa maisonnée. C’est cela donc qui nous a un peu révolté, car le même DRH au test précédent avait enrôlé son petit frère, mais nous nous sommes dit en son temps que c’était probable que lui aussi soit admis et nous l’avons accordé le bénéfice du doute. Mais cette fois-ci, nous avons remarqué que sa famille et ses amis ont plus du tiers des 85 postes à pourvoir. C’est un scandale dans une institution républicaine comme la CNSS. C’est l’ensemble des travailleurs et des entreprises du Burkina qui cotisent à la caisse, donc cela ne doit pas être permis. Les concours de la CNSS doivent être ouverts à l’ensemble des fils et des filles du Burkina qui doivent avoir une égalité de chance et une égalité de droit.

 

RIB : Lorsque le constat a été fait par la coordination, est-ce qu’elle a eu à approcher le premier responsable de la structure pour mieux comprendre ?

SK : Lorsque nous avons fait le constat, une délégation que j’ai conduite est allée voir monsieur le Directeur général (DG) de la CNSS, M. Lassané SAWADOGO pour lui dire qu’au regard des résultats, nous avions des inquiétudes. Certes, nous avons pris part au processus, mais nous émettons de sérieux doutes sur ce processus. Et comme nous en sommes partie prenante, nous estimons qu’à ce stade, il y a des dispositions à prendre. Premièrement, il faut pouvoir demander une enquête sur le processus de recrutement qui a abouti à ces résultats. Ce qui permettra de dire si ce processus a été mené de bout en bout selon les règles de l’art. Si c’est le cas, nous, on s’en remettra aux conclusions de cette enquête qui sera diligentée par les autorités compétentes en la matière. Deuxièmement, il va falloir, différer la prise de service de ces agents pour que nous puissions avoir l’enquête de moralité qui est statutaire, car l’article 8 du statut du personnel dit que l’enquête de moralité est obligatoire et conditionne l’engagement définitif. Il faut donc que cela puisse être fait avant leur prise de service. Voilà ce qui était nos deux préoccupations exposées au DG. Pour le premier point, le DG dit qu’il estime que le vin est tiré et il faut donc le boire. Pour lui, il faut qu’on réfléchisse maintenant ensemble pour le prochain recrutement. Ce qui veut dire que cette préoccupation, il la balaie du revers de la main. Par rapport à l’obligation de faire l’enquête de moralité avant la prise de service, il estime que la prise de service est déjà programmée, donc l’enquête de moralité sera faite après leur prise de service, car elle prend du temps. Et si l’enquête s’avérait non concluante pour un candidat admis, il reviendrait sur son engagement. Face à ces réponses, nous avons compris que nous n’étions pas sur la même longueur d’ondes, donc nous lui avons informé que nous allons dans ce cas aller à la place publique.

 

cnssRIB : Au sein de votre coordination, quelles sont les mesures que vous comptez prendre pour que la lumière se fasse sur cette affaire ?

SK : C’est ce que nous sommes en train de faire déjà en portant à l’opinion nationale le problème. Nous pensons  que c’est une institution de tous les Burkinabè, donc il n’est pas question qu’une famille y monopolise l’emploi. Nous savons que les responsables à quelque niveau qu’ils soient nous entendent. Il y a un Conseil d’administration à la caisse qui a maintenant l’information qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans la maison. On verra ce qu’il fera sur la question. Aussi, la caisse a des ministères de tutelle. On verra aussi ce que ces derniers front. Au niveau de l’Etat, il y a des structures de contrôle de l’Etat qui contrôle les institutions. Ils ont maintenant cette information. Chacun en sa qualité appréciera. Mais nous nous sommes actuellement dans notre rôle qui est d’abord celui de prendre l’opinion à témoins et nous désolidariser de ces résultats, au regard du fait que nous avons été partie prenante du processus de recrutement. Cela, car demain, nous ne voulions pas être comptable de cette situation.

 

RIB : Et si les jours à venir les autorités compétentes dont vous aviez tantôt fait cas, ne réagissent pas, quelle action alliez-vous entreprendre pour que vos préoccupations soient prises en compte

SK : Pour nous, à cette étape, c’est donner l’information sur ce qu’il y a dans la maison commune. Le reste, on avisera en temps opportun.

 

RIB : Déjà, les prises de service ont été faites, est-ce qu’il n’est pas trop tard pour par exemple révoquer quelqu’un ?

SK : Nous ne demandons pas de révoquer qui que ce soit. Nous demandons qu’il y ait de la lumière sur cette affaire. Les admis ont compéti à un test, nous, nous voulons juste nous rassurer que les admissions sont régulières, sinon nous n’avons même pas de donner à ce qu’on chasse quelqu’un.

 

RIB : Vous avez pris part au processus de recrutement. Un processus qui a mis six mois avant d’accoucher de ses admis. Alors dites-nous qu’est ce qui explique cela ?

SK : Justement ? C’est le temps mis pour faire le recrutement qui fait notre surprise. Vous voyez les oui ont été tirés en janvier 2018 et ce n’est qu’en juin que les épreuves ont été administrées. Donc de janvier à juin, nous avons passé le temps à demander ce qui se passait, mais nous ne savions pas que c’est un planning. C’est aux résultats que nous avons compris ce qui se tramait.

 

Propos recueillis par Candys Solange PILABRE/ YARO

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