dimanche 24 novembre 2024

Dépigmentation : Pourquoi les Noirs veulent avoir la peau des Blancs ?

origine depigmentation« Xessal » au Sénégal, « maquillage » au Cameroun, « tchoko » au Congo, « tcha-tcho » au Mali, en Côte d’Ivoire, et au Burkina Faso…, la dépigmentation est aujourd’hui une pratique très répandue en Afrique. La plus part du temps, les adeptes du blanchissement de la peau ont recours à au « tcha-tcho » sans grande connaissance de ses véritables origines. Si de nos jours s’éclaircir la peau est un critère de beauté, de part le passé, se blanchir la peau était une nécessité pour avoir une place de choix et être considéré par son « maître  blanc ».

Le blanchissement de la peau est né dans les années 60 aux Etats-Unis dans la communauté noire. A l’époque de l’esclavage, les « maîtres » accordaient un traitement préférentiel aux esclaves à la peau claire. Les noires « claires » travaillaient à l’intérieur pour accomplir des tâches domestiques moins épuisantes, tandis que leurs homologues  de peau plus foncée travaillaient à l’extérieur dans les champs.

La peau blanche était synonyme de lumière, contrairement à la peau noire qui renvoyait aux ténèbres, a expliqué Suzanne COULIBALY, sociologue spécialiste de projet de développement et des phénomènes sociales.

A titre d’exemple, au 20e siècle, en France, des compagnies de lessive lançaient des campagnes publicitaires qui dénigraient les Noirs. A cette époque, ces compagnies utilisaient les termes du genre «  elle blanchirait un nègre » pour vanter les propriétés blanchissantes du savon de ménage. La  peau noire serait donc associée à la saleté et la peau blanche à la propreté.

En conséquence, la peau claire a été considérée comme un atout dans la communauté des esclaves.

Cette discrimination a continué après l’abolition de l’esclavage. Les afro-américains de teint plus clair ont reçu des opportunités d’emploi au détriment de ceux qui avaient le teint plus foncé.IMG 20180621 WA0005

                                                                                   Armand SON,sociologue

Pour quitter les « ténèbres » et rentrer dans le monde de la « lumière », les afro-américains se sont mis à utiliser les produits blanchissants. « En effet, la peau claire a été pendant longtemps et continue toujours d’être perçue comme l’idéal de la beauté. Elle est vue comme un signe extérieur de réussite. Même les poupées étaient de peau claire » a expliqué le sociologue Armand SON.

Le phénomène de la dépigmentation est apparu en Afrique à la faveur de la colonisation. L’Africain avait un complexe d’infériorité par rapport aux Européens. Les occidentaux étaient ainsi représentés comme un model auquel les africains devaient s’identifier.

Cependant, c’est par les hôtesses de l’air et les femmes d’affaires qui ont séjournés aux Etats-Unis, que les produits éclaircissants ont été introduits en Afrique.

Pour ce qui est du Burkina Faso, raconte Suzane COULIBALY, «  c’est à la faveur des communautés de la sous région que les Burkinabè ont connu les produits éclaircissants. Ces femmes claires venaient ici pour se prostituer. Elles se blanchissaient la peau et séduisaient non seulement les hommes, mais aussi les femmes qui enviaient la couleur de leur peau ».

Aussi, pour Armand SON, le phénomène de la dépigmentation au Burkina s’explique par des considérations subjectives. « La plupart des femmes le font pour plaire aux hommes. Selon elles, les hommes aiment les femmes claires et pour ne pas rester en marge il faut se dépigmenter », a-t-il expliqué.

Quoi qu’il en soi, une peau noire qu’elle soit claire ou ébène est magnifique, lorsqu’elle est naturelle. L’entretenir, l’embellir, l’aimer, la protéger et l’hydrater sans modifier sa mélanine suffissent  à la sublimer et d’en faire un véritable atout de beauté.

 

Judith TCHIMADI

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