Le condom féminin a été intégré parmi les méthodes de contraception au Burkina Faso depuis les années 1998. Il a été conçu pour protéger la femme contre les maladies telles que le sida, les Infections sexuellement Transmissible (IST). Le femidom protège le couple tout en maintenant aussi bien le plaisir de la femme que de l’homme. Cependant, depuis sa mise sur le marché le condom feminin souffre de certains préjugés.
A ces débuts le condom féminin semblait être l’espoir de la lutte contre le sida en milieu féminin, et surtout contre les grossesses indésirées, dont elles sont très souvent victimes. Il faut être réaliste, le préservatif féminin est peu connu. Pourtant, il est à ce jour le seul moyen de contraception mécanique sur le marché dont la femme à la maîtrise et qui protège à la fois contre la grossesse et contre les Infections sexuellement Transmissible (IST) comme le sida, lorsqu'il est correctement utilisé pour chaque rapport sexuel. Quant à la garantie du plaisir elle reste controversée. Malgré ses avantages, la mise en marché du fémidom s'est soldée par un échec cuisant. Selon la Société canadienne du sida, en 2007 à peine 26 millions de préservatifs féminins ont été distribués dans le monde, contre 11 milliards de condoms masculins. En fait les condoms féminins n’occupent que pour 0,2% du marché mondial des préservatifs. Et 90% des stocks sont distribués par des ONG dans des régions du globe où le sida est endémique, notamment en Afrique subsaharienne. Dans cette zone d’Afrique les femmes sont touchées de façon disproportionnée. Quelles peuvent être les raisons de cet échec ?
Il faut tout d’abord reconnaitre que la planification familiale n’est pas encore totalement ancrée dans les mœurs des Burkinabè. En effet, avec une population majoritairement analphabète, une considération de la contraception comme un péché ; il est tout à fait normal que le femidom se retrouve dans cette situation. Fort est de constater également la faible communication autour du femidom. Le véritable problème du femidom au Burkina Faso est sa politique de communication. C’est un préservatif peu connu par la population. Il n’y a pas eu un ‘’tapage’’ médiatique poignant. Ainsi, nombreuses sont les femmes au Burkina qui n’ont jamais vus le condom féminin, d’autres vont même jusqu'à dire qu’elles ignorent l’existence de ce produit, à plus forte raison l’utiliser. De plus, un des facteurs très important est sa manipulation. Pour celles qui ont eu à faire l’expérience, elles sont presque unanimes sur la question. L’utilisation du femidom est complexe, parce qu'il faut l'insérer correctement au fond du vagin et requiert davantage de technique. Il présente aussi certaines caractéristiques qui se marient difficilement avec les notions d'érotisme, il n'est pas très esthétique. Il faut noter également que pour des raisons culturelles la femme ne peut pas adhérer à cette méthode sans l’accord de son époux, au risque de se faire battre, voire répudiée, dans la mesure où il n’est pas du tout discret. Enfin le prix est un frein à sa vulgarisation, en ce sens qu’il est légèrement plus cher que le condom masculin. Que faut-il faire pour assurer un nouveau départ au femidom ?
L’activité principale à mener au Burkina Faso demeure une campagne de communication efficace et adaptée. En effet la première cause de l’échec du produit est sa méconnaissance. Tout naturellement un travail doit être fait pour favoriser la vulgarisation du préservatif féminin. En outre il faut mettre l’accent sur les campagnes de sensibilisation de la gente féminine, mais aussi des hommes pour qu’ils encouragent leurs femmes dans l’utilisation du produit, car ils sont aussi des acteurs de la lutte. De plus il faut revoir le prix qui est aussi un frein à l’utilisation. Le ministère de la femme pourrait subventionner ce produit et assurer une large distribution sur toute l’étendu du territoire. Compte tenu du lot de critiques sur la conception du produit, il serait judicieux de concevoir une nouvelle version améliorée, beaucoup plus discrète, en misant avant tout sur le plaisir, sans négliger la sécurité.
Edwige SANOU