Le mardi 05 juin 2018, le gouvernement était face à la presse pour faire le point des différentes grèves en recrudescence dans la fonction publique, notamment le bras de fer entamé depuis janvier 2018 entre la Coordination des syndicats du ministère de l’économie et des finances et le gouvernement. Mais selon la Coordination, le gouvernement n’a pas dit toute la vérité concernant l’état des lieux de leurs revendications. Ce jeudi 07 juin 2018, elle a donc organisée une conférence de presse qui s’est vite muée en une conférence publique, pour donner son son de cloche. Des moments que la Coordination a voulu de vérité, car ayant fait des révélations, notamment sur le salaire de leur premier responsable, Rosine SORY/ COULIBALY.
Le gouvernement ne dit pas toute la vérité sur la crise qui prévaut actuellement au sein du ministère de l’Economie, des finances et du développement (MINEFID). C’est du moins ce que martèle la Coordination des syndicats du ministère de l’Economie, des finances et du développement (CS-MEF) depuis le point de presse du gouvernement qui avait pour ambition d’éclairer la lanterne des Burkinabè sur les différentes grèves en recrudescence dans l’administration publique. C’est pourquoi, ce jeudi soir, face à la presse, le CS-MEF a voulu remettre les pendules à l’heure. Et pour elle, tout serait parti non seulement de la volonté du gouvernement de remettre en cause certains accords et avantages, mais aussi de l’entêtement du ministre en charge des finances, madame Hadizatou Rosine SORY/COULIBALY de mettre en place certaines réformes qu’elles trouvent suicidaires pour les travailleurs et pour le peuple. Ces réformes concernent essentiellement la privatisation de certains services financiers comme les douanes, les impôts et le trésor. Pour la CS-MEF, cette privation va entraîner des pertes d’emplois, le renchérissement du coût des services rendus (frais de banque, augmentation des impôts à payer, etc.), le pillage des ressources publiques, la promotion du chômage, etc.
Aussi, selon la CS-MEF, le raidissement de sa lutte s’explique par le fait que madame la ministre en charge des finances refuse de s’assoir sur la même table avec les syndicats pour discuter et trouver une solution à la crise. « Sans faire la moindre concession sur les points de blocage, le gouvernement à botter en touche toutes les médiations entreprises (Assemblée nationale, collège des conseillers techniques et chargés de missions du MINEFID, le Médiateur du Faso) », s’est indignée la CS-MINEFID. Et sur ces sept points de revendications, aucun n’a pour le moment eu écho favorable de la part du gouvernement a expliqué les conférenciers de ce jour. « En lieu et place du dialogue franc pour des réponses idoines, le gouvernement a entrepris des mesures de répression à l’encontre des travailleurs : réquisitions illégales, intimidation, éviction de plusieurs responsables de leur fonction, répression policière, coupures abusives de salaire, interdiction d’accès aux lieux de service, interdiction de sit-in, etc. », a noté Mathias KADIOGO, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des douanes (SYNATRAD), par ailleurs président de la CS-MEF et ses camarades.
Très remontée contre la patronne en charge des finances qui dit ne vouloir qu’à l’image du capitaine Thomas SANKARA donner de l’eau à tout le peuple, la Coordination a fait des révélations. « Madame la ministre coûte au bas mot au budget de l’Etat plus de cent vingt-cinq millions (125 000 000) de francs par an, soit un salaire de huit millions cinq cent dix-neuf mille cinq cent soixante-treize (8 519 573) par mois, représentant la rémunération annuelle de huit (08) ministres ordinaires du gouvernement THIEBA ou d’une trentaine de cadres A de l’administration publique et un fonds commun annuel de plus de vingt trois millions (23 000 000) », a révélé la coordination. Madame « austérité » comme le surnomme la Coordination a effectué au cours de l’année 2017, selon les révélations faites ce soir, en moyenne cent vingt (120) jours de missions à l’extérieur, avec une prise en charge moyenne de cent trente mille (130 000) francs CFA par jour soit un total de quinze millions six cent mille (15 600 000) francs CFA. Cela, sans compter les frais de déplacement en classe affaires. Ce qui fait dire Mathias KADIOGO et ses camarades que Rosine COULIBALY fait de l’imposture, car elle réclame de l’eau pour tous, alors qu’elle-même tient une coupe de champagne en or.
En tout état de cause, pour la CS-MEF, le contrat de travail qui lie la ministre à l’Etat et qui lui donne tous ses avantages est en « contradiction flagrante » avec le décret n°2008-891/PRES/PM/MEF du 31 décembre 2008 portant rémunération du premier ministre, des présidents d’institutions et des membres du gouvernement qui stipule en son article 1-C que la rémunération brute mensuelle d’un membre du gouvernement est d’un million cent quinze mille (1 115 000) francs CFA. Ce qui est applicable à toutes les hautes personnalités occupant les mêmes fonctions quels que soient leur provenance professionnelle et leur niveau de rémunération antérieur.
Au regard de ce qu’elle a pu constater depuis la mise en place du pouvoir de Roch Marc Christian KABORE, la CS-MEF, note que « le gouvernement Paul Kaba THIEBA qui semble soucieux des finances publiques se trouve être le plus coûteux de l’histoire de notre pays des indépendances jusqu’à nos jours », car on y dénombre une dizaine de ministres ayant des contrats parallèles, et ce, en violation avec le décret sus-cité.
Pour la coordination, les propos va-t-en-guerre de madame le ministre dénote qu’elle est désaxée et sans repère. Ce qui ne convient pas à un Etat de droit. C’est pourquoi, selon la CS-MEF, elle devrait tout simplement rendre son tablier.
Aussi, pour Mathias KADIOGO et ses camarades, malgré les « propos criminalisant et le comportement inconséquent et arrogant » et les intimidations de madame la ministre ne sont pas de nature à les désarmer. Bien au contraire c’est ce qui selon eux les galvanise. « Nous sommes conscients que nous risquons de perdre un mois de salaire, mais c’est le sacrifice. Pour le moment, nous ne sommes pas essoufflés de lutter », a confié le SG du SYNATRAD. En tout état de cause, ils comptent continuer la lutte, jusqu’à ce que leur plateforme revendicative puisse trouver grâce auprès du gouvernement.
Candys Solange PILABRE/ YARO