Pour lutter contre le paludisme au Burkina Faso, le gouvernement a décidé d’importer des moustiques génétiquement modifiés à des fins d'expérimentation. Gardés en milieu confiné, ces moustiques seront lâchés dans les mois à venir dans certains villages. Un lâché qui ne fait pas l’unanimité au sein de la population. D’ailleurs, une marche a été organisée par le collectif citoyen pour l’agro-écologie (CCAE), afin d’interpeller le gouvernement quant aux dangers probables de cette expérimentation. Pour avoir l’avis de la population sur la question, Radars Info Burkina est allé à la rencontre de quelques habitants de la ville de Ouagadougou.
Mme TAPSOBA : « Je ne suis pas d’accord pour qu’il lâche les moustiques génétiquement modifiés. Dans un premier temps, c’est du gaspillage d’argent. On peut trouver une politique moins coûteuse et plus efficace. Qu’est ce qui prouve que cette option va marcher. Les œufs peuvent ne pas éclos. Donner cet argent aux jeunes médecins chercheurs pour qu’ils fassent des recherches. Au plan sanitaire ces moustiques peuvent avoir des conséquences sur la santé de la population. Ces moustiques pourraient transmettre d’autres maladies telles que le paludisme, des maladies dont on ignore pour le moment l’existence. Ils doivent faire des études avant de les lâchés, car les moustiques voyagent ».
Souleymane SAWADOGO : « Utiliser les moustiques génétiquement modifiés pour combattre le paludisme est une mauvaise idée. Il y a une meilleure solution pour lutter contre le paludisme. Il faut donner les moyens à la municipalité, afin qu’elle mette en place un projet de nettoyage de caniveaux. Il faut aussi que la mairie mette en place une section des agents de contrôle pour vérifier le travail abattu. Sinon, envoyer des moustiques d’autres contrées n’est pas la solution. C’est exposé toute la population ».
Augustin DICKO : « En Italie, il y a des villages non ? Qu’il fasse des expériences là-bas. Le gouvernement qui est allé payer ces moustiques sait très bien que leurs familles ne sont pas ici. C’est pour venir nous donner d’autres maladies et ce sont nos parents qui vont dépenser pour nous soigner. A mon avis, on ne doit pas lâcher ses moustiques. Qu’il trouve une meilleure politique pour lutter contre le paludisme. Distribuer les moustiquaires imprégnées, subventionner les produits contre le paludisme, au lieu de prendre cet argent investir dans les projets qui sont sans tête ni queue. Qu’il mise cet argent dans la santé et l’éducation s’il veut vraiment notre soutien ».
Joël OUEDRAOGO, étudiant : « Il paraît qu'on ne juge pas l'homme par ses paroles, mais par ses actions... Depuis belle lurette l'état nous promet de palier à ce problème, maintenant qu'il passe à l'action, il nous faut obligatoirement les accorder de la confiance pour un début. Je n'ai aucune notion en médecine ou d'une science similaire, mais je pense qu'il y a eu un cheminement d'étude et un enchaînement d'avis et de préavis des professionnels du corps médical du Burkina et d'ailleurs. Par ailleurs, tout risque a des conséquences, mais comme on le dit, « qui ne risque rien n'a rien ». Il faut bien agir pour être situé et savoir s’il faut améliorer ou carrément changer de méthode. Les sujets de ce test sont également habitants du pays et si par malheur il s’avère dangereux, ils n'y échapperont pas non plus ».
Propos recueillis par Edwige SANOU