jeudi 21 novembre 2024

Commémoration du 3 janvier 1966 : Le mouvement syndical se penche sur sa contribution à l’ancrage de la démocratie au Burkina et les défis actuels des luttes syndicales

pneluas uneLe 3 janvier de chaque année, le Burkina Faso commémore la première insurrection populaire de son histoire, survenue le 3 janvier 1966 et ayant conduit à la chute du président Maurice Yaméogo. Pour marquer d’une pierre blanche le 58e anniversaire de ce soulèvement populaire, l’Unité d’action syndicale (UAS) a organisé ce mercredi 3 janvier 2024, à la Bourse du travail de Ouagadougou, un panel sur le thème principal « Contribution du mouvement syndical à l'ancrage de la démocratie au Burkina Faso » sur deux sous-thèmes, à savoir « Les luttes syndicales pour l’ancrage de la démocratie : exemple et acquis » et « Les défis actuels des luttes syndicales dans un contexte de lutte contre les groupes armés terroristes ».

 

La première communication, donnée par Dominique Yaméogo, ancien secrétaire général de l’union régionale du Centre de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), visait à mettre en évidence la contribution du mouvement syndical à l’ancrage de la démocratie au Burkina Faso. Elle a porté sur « Les luttes syndicales pour l’ancrage de la démocratie : exemples et acquis ».

pneluas 2Selon le panéliste, de 1960 à nos jours, lors des grands tournants historiques de notre pays, le mouvement démocratique révolutionnaire (mouvement syndical) en général a toujours été présent. « Les grandes histoires, que ce soit le 3 janvier 1966, les 17 et 18 décembre 1975 et l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, entre autres, ces victoires ont eu lieu avec le mouvement syndical », a-t-il fait savoir.

Mais aujourd’hui tout le monde constate que ce même mouvement syndical qui se bat pour préserver le minimum de libertés qu’il y a, demain on viendra dire que le mouvement syndical n’a rien fait, a-t-il déploré, ajoutant que l’activité syndicale est à la fois noble et ingrate dans ce pays. « Vous défendez des causes pour tout le monde mais on ne vous le reconnaît pas. C’est seulement les défenseurs qui savent que ça vaut la peine d’être mené. Le mouvement syndical a été accusé de faire de la politique mais l’expérience a montré qu’on ne peut pas séparer les questions économiques des questions politiques. Tant qu’un pouvoir prend une position, c’est une position politique. Soit c’est en faveur des travailleurs et du peuple ou c’est en leur défaveur », a-t-il affirmé.

pneluas 3Toutefois, pour lui, « le mouvement syndical doit toujours reconnaître qu’il a des limites, surtout quand il s’agit des débats politiques. Mais se prononcer sur la vie politique, les questions politiques sur l’évolution du pays, c’est une nécessité et il doit continuer à le faire vaille que vaille ».

À l’en croire, le mouvement syndical a joué un grand rôle en matière de liberté de la presse.  Il en est de même pour les émissions interactives d’aujourd’hui qui étaient autrefois interdites mais grâce à la lutte syndicale, le principe a été adopté pour permettre aux citoyens de s’exprimer. « On continuera à se battre pour les libertés. C’est un devoir sacré pour le mouvement syndical », a-t-il déclaré.

Il a terminé sa communication en évoquant des préoccupations comme la liberté de manifestation avec ce qu’il a qualifié de politique du deux poids deux mesures, car selon lui, « on ne peut pas comprendre que dans un même pays, certaines structures comme les organisations de la société civile aient la possibilité de sortir marcher, d’aller où elles veulent tandis que le mouvement syndical ne peut même pas effectuer une marche sur la voie publique. Il faut que cela cesse », a-t-il martelé.

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La deuxième préoccupation soulevée a porté sur la cherté de la vie. À ce propos, il souhaite que le gouvernement revoie la structuration des prix des hydrocarbures car s’il ajuste ces prix, on pourra ressentir une baisse des coûts des autres produits.

Par ailleurs, il estime qu’il faut revoir la loi 02 relative aux travailleurs du privé, « qui dort depuis trois ans dans les tiroirs du gouvernement ».

Le second sous-thème, « les défis actuels des luttes syndicales dans un contexte de lutte contre les groupes armés terroristes », a été développé par Norbert Ouangré, président de la commission presse de l’Unité d’action syndicale. Au cours de son exposé, il a soulevé plusieurs préoccupations dont la première est relative à l’insécurité qui est une préoccupation de tout le peuple burkinabè aujourd’hui. Ensuite, il a abordé la liberté de manifestation et de réunion sur la voie publique. Le communicateur relève à ce niveau de « graves atteintes aux libertés soldées par la remise en cause des libertés démocratiques syndicales, la politique du deux poids deux mesures ». L’on note également des préoccupations relatives au Code du travail, le droit à l’information, marqué par le verrouillage de l’information. À cela s’ajoute la gouvernance économique où il relève un manque de transparence.  Enfin, il a abordé les préoccupations liées aux engagements pris par le gouvernement avec le Fonds monétaire international dans le cadre d’un accord, et celles relatives à la justice avec la révision constitutionnelle qui vient de s’opérer et qui sonne le glas de l’Etat de droit, selon lui.

En marge de cette commémoration, la grande salle de la Bourse du travail de Ouagadougou a été baptisée salle du 3 janvier 1966 et les deux petites salles baptisées respectivement salle du 17-18 décembre 1975 et salle du 16 septembre 2015.

Flora Sanou

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