Cette année, le monde éducatif a connu des troubles d’une rare ampleur. Au cours du premier trimestre, les enseignants administraient les cours tout en refusant d’évaluer les élèves en réponse au mot d’ordre des différents syndicats de la Coordination Nationale des Syndicats de l’Education (CNSE). La période est aussi marquée par des grèves et sit-in qui ont eu un impact sur le calendrier scolaire surtout dans les établissements publics. Grâce aux interventions des autorités coutumières et religieuses, la coordination des syndicats et le gouvernement étaient parvenus à un accord qui mettait fin à la crise en janvier dernier. L’école s’est-elle remise de ce retard à l’allumage ? Radars Infos Burkina a fait le tour de quelques établissements pour faire le constat.
Trois mois de cours plus ou moins bien dispensés mais sans la moindre évaluation. C’est avec un épisode douloureux que les écoliers et élèves –des établissements publics surtout- du Burkina ont entamé l’année scolaire qui s’achève. Beaucoup de personnes ont, avec raison craint le pire, c'est-à-dire une année blanche pendant cette longue période de navigation à vue tant les points de vue paraissaient irréconciliables. Mus par l’inquiétude d’une telle probabilité, les élèves ont, à plusieurs fois manifesté en soutien aux professeurs pour éviter que le scénario de l’année blanche se réalise. Des manifestations qui en rajoutaient au caractère déjà complexe du système scolaire qui frisait l’enlisement et qui a failli tourner à la crise politique. Mais les différentes parties ont chacun fini par lâcher du lest sur leurs positions respectives et un accord était trouvé en janvier sous les auspices des autorités coutumières et religieuses. Alors que beaucoup d’élèves du secondaire sont en vacances et que ceux qui sont en classes d’examen ont l’esprit tourné vers les examens, nombre d’établissements semblent avoir colmaté les brèches du face à face entre syndicats et gouvernants.
« Le volume horaire que nous avons perdu pendant cette crise se situe dans l’ordre de soixante-dix( 70) heures. Les troubles ont eu un impact négatif sur la progression des enseignants parce que chaque enseignant a une progression qu’il doit suivre mais malheureusement la crise est passée par là et les enseignants ont du prolonger les cours et le gouvernement a dû faire sortir un nouveau calendrier pour repousser les dates des examens. » relate Cissé Tabshir, censeur au lycée public Wend-Puiré de Saaba dans la périphérie de Ouagadougou. Un retard vite résorbé non sans un certain sens du devoir dont ont fait preuve nombre d’enseignants : « Il y a des enseignants qui, même pendant la crise, assuraient les cours surtout pour ce qui est des classes d’examens (Troisième, Terminale).Dès la fin de la crise, ils se sont remis au travail et à l’heure où je vous parle, presque tous les enseignants sont au terme de leurs programmes. Certains ne sont plus qu’occupés à faire des révisions car selon eux, laisser les élèves à la maison peut leur être préjudiciable. »Ce que ne comprennent pas certains élèves qui voudraient bien préparer l’examen à leur manière : « Les professeurs devraient laisser les élèves se débrouiller à travers les travaux de groupe parce que lorsqu’on s’explique entre camarades, chacun comprend mieux. » plaide Djamila KAFANDO qui prépare le brevet d’études du premier cycle(BEPC).
Même s’ils n’ont pas été touchés comme les établissements publics, les écoles privées ont aussi laissé quelques plumes durant la période d’incertitudes. « C’est une petite chance que les troubles aient eu lieu au premier trimestre. Du reste, à notre niveau, l’impact a été moindre si bien que même les jours où il y a grève, il nous arrivait de faire cours jusqu’à 10 heures et à continuer les soirs. De fait, nous avons connu une année scolaire presque normale.» confie Boubé Boubacar, directeur-adjoint des études dans un lycée privé qui rappelle tout de même que lorsqu’une crise de ce genre survient, tous les établissements en pâtissent d’une manière où d’une autre. « Néanmoins tout le programme a de fait déjà été épuisé » assure celui qui estime attendre les résultats de fins d’année pour évaluer l’impact de la crise mais qui d’ores et déjà prévient que si les résultats baisent par rapport aux années passées, ça ne peut être à cause des troubles proprement dits. « Il n’est pas exclu que les troubles aient eu un impact sur la détermination de certains élèves mais avec les révisions que nous avons l’habitude de faire, nous sommes confiants que nos élèves tireront leur épingles du jeu » projette t-il.
La concentration est l’un des moyens dont les élèves doivent faire preuve pour terminer leur année scolaire de la meilleure des manières, conseille Tabshir Cissé. « Ils doivent donc venir à l’école pour suivre les révisions », lance t-il.
Soumana LOURA