Conséquence d’une insécurité qui de leurs propres aveux « va grandissante », les agents privés de sécurité communément appelés vigiles sont de plus en plus professionnalisés et de plus en plus sollicités. L’environnement dans lequel ces hommes et femmes exercent n’est pourtant pas des plus simples, Comme l’ont confié certains d’entre eux à Radars Info Burkina. Enquête.
Le métier d’agent privé de sécurité au Burkina Faso n’est pas une sinécure. Alors que l’environnement sécuritaire se dégrade, les agents se disent souvent livrés à une autre insécurité, sociale, celle de leur métier, même si, nombre d’entre eux admettent que de nos jours, leur situation s’est quelque peu améliorée.
Raphael a quinze (15) ans d’expérience dans la sécurité privée. Une assez longue « carrière » qui est loin d’être des plus stables et des plus sécurisants. « J’ai fait dix (10) ans sans contrat d’embauche. J’ai dû faire trois(03) entreprises de suite », se souvient-il avec amertume. « Le métier est aussi marqué par les retards de paiement », poursuit SIMPORE qui révèle que la pratique a toujours court. Certains agents font souvent trois (03) mois sans se faire payer. Mais Raphael qui est à sa quatrième entreprise note pourtant une amélioration dans le traitement salarial. « Cette année, les sociétés de gardiennage ont revu le traitement salarial à la hausse. Il est désormais à cinquante mille (50 000) francs CFA, voire plus lorsqu’on ajoute les indemnités dans certaines sociétés. Nous leur en sommes reconnaissants », se réjouit-il. Il apprécie aussi le fait que les horaires soient devenus plus souples, du moins dans la société qui l’emploie. Sourire au coin, il ajoute que les vigiles verraient bien une augmentation supplémentaire, parce que dit-il, « depuis quelques années, l’insécurité s’est accrue».
Après être passé par trois sociétés sans embauche, Raphael SIMPORE se dit plus épanoui au sein de la société dont il relève désormais.
Cette augmentation sonne comme une nécessité comme le relate Issouf qui entame sa vingt-deuxième année d’expérience. « Les salaires étaient à la fois dérisoires de l’ordre de vingt mille (20 000) francs CFA par mois et incertains. Du coût, nous avions du mal à nous prendre en charge », explique t-il. Pour « pallier » cet état de fait, certains vigiles n’hésitaient pas à dérober, lorsqu’ils en trouvent, les matériels des entreprises où ils sont affectés qu’ils revendent. Plusieurs départs ont par ailleurs été enregistrés d’autant qu’à la faveur de la montée des braquages, certains agents y ont laissé leurs vies. « Les uns et les autres se sont rendus compte que le métier est exposant. Sans oublier que les autorités publiques ont exigé que les agents soient non seulement formés, mais aussi qu’ils soient mieux initiés à leurs droits et devoirs… », analyse Issouf. La montée de l’insécurité s’est aussi répercutée sur l’armement dont les agents sont dotés. « Avant nous n’étions armés que de gourdins. » Mais depuis trois(03) à quatre(04) années de cela, les vigiles sont obligés de s’armer de fusils au risque de compromettre leur vie, expliquent-ils.
Résultante d’une évolution de mœurs où d’une prise de conscience de leur utilité ? Quoi qu’il soit, les vigiles notent que la dérision ou au pire le mépris dont ils étaient l’objet dans les décennies précédentes ont laissé la place à une plus grande considération dans la société. Mais c’est surtout de la part des responsables de sociétés et de l’Etat que les agents attendent une considération qui puisse leur permettre de vivre plus dignement. « Les vigiles peuvent jouer un rôle de supplément aux forces de sécurité classiques dans la lutte contre l’insécurité notamment en termes de renseignements à condition d’être motivés… », explique Issouf. En attendant peut être que le syndicat s’occupe de leur vécu, sinon pour le moment, nombreux sont les vigiles qui trouvent que les actions dusyndicat sont plutôt timides.
Soumana LOURA