Le phénomène du retour des afros ou « Nappy » envahit l’univers de la beauté noire. Ces dernières années, la révolution capillaire prend de plus en de l’ampleur. Mais plus qu’une tendance de beauté, le retour de la chevelure naturelle chez les femmes noires s’inscrit dans une dimension plus historique. Le retour de l’afro souligne alors une certaine volonté d’affirmer son appartenance ethnique, une façon d’assumer ses origines.
Le mot « Nappy » a été inventé pendant l’esclavage pour désigner les cheveux des Noirs. A cette époque ségrégationniste, le terme « Nappy head » était employé de manière raciste. En effet les Blancs comparaient les cheveux crépus à des poils d’animaux, ou de la fourrure. Aujourd’hui, au contraire, être « Nappy » c’est avant tout revendiquer son identité et être fière de ses origines, de sa beauté noire en laissant pousser ses cheveux au naturel. Ces coiffures sont essentiellement des twists, des dreadlocks, des nattes, du afro, etc.
A l’origine, selon certains historiens, il semblerait que les premières traces de coiffure africaine remonterait à l’Homo sapiens, de même, certaines momies auraient été retrouvées tressées, et l’on aurait également trouvé des peignes afro dans des tombeaux égyptiens prouvant que contrairement aux nombreuses représentations, nos ancêtres n’avaient pas les cheveux raides. La preuve de l’existence du cheveu crépu serait donc établie. L’explication serait d’ordre génétique. En fait, les cheveux crépus constituaient une protection physique aux agressions extérieures et climatiques grâce à une hydrométrie particulière liée à leurs formes hélicoïdales.
De nos jours cette tendance capillaire gagne du terrain en Afrique et au Burkina Faso notamment. Les facteurs de l’adoption de cette tendance diffèrent d’une femme à une autre. Le retour aux cheveux crépus souligne alors une certaine volonté d’affirmer son appartenance ethnique, une façon d’assumer ses origines. « C’est une liberté pour les femmes africaines, car compte tenu du climat africain, les coiffures nappy sont l’idéal. En plus, elles permettent à la femme noire de s’affirmer ouvertement. Le défrisage était en partie du à un complexe et le désire de ressembler aux Blancs », confie Mme BADO, esthéticienne. « En plus de l’identité culturelle, les cheveux crépus entre dans le cadre de l’hygiène corporelle de la femme, ainsi que de son bien-être en ce sens qu’on peut laver les cheveux autant de fois que l’on désire. Aussi elles sont moins coûteuses », ajoute-t-elle.
Quant à Mme SIMPORE, agent de bureau elle affirme avoir adopté le look nappy, parce qu’elle est à la mode et le juge plus beau. « Les cheveux naturels existaient depuis bien longtemps mais c’est la mode qui a valorisé la beauté des cheveux crépus à travers des artistes afro américains, des artistes africains. Et ces ainsi que les femmes ont commencé à l’adopter. Je trouve que les coiffures africaines sont plus belles, on est plus à l’aise. Tout de même je reconnais que c’est une affirmation de l’identité culturelle. C’est le propre des africains », a-telle souligné.
Edwige SANOU