Le barrage de Tanghin, réalisé pour l’approvisionnement en eau potable de la ville de Ouagadougou, constitue l’un des poumons écologiques de la capitale burkinabè. Malheureusement, les retenues d’eau du pays sont de plus en plus soumises à la pression croissante des activités humaines. La pêche, l’une des activités exercées dans ce barrage, a attiré notre attention ainsi que la question des noyades d’enfants.
Chaque année, c’est le même spectacle avec la danse de déchets solides, de plastique et de sachets sur les eaux des barrages de Ouagadougou à la tombée des premières pluies. Pire, cette pollution s’accompagne d’odeurs nauséabondes et fétides. « Les déchets sont logés au fonds du barrage et d’autres même sont aux abords du barrage ; cela n’a pas d’effet sur les poissons », nous dit Salif Soré, pêcheur dans ce barrage. En effet, l’insalubrité du barrage pose question sur les effets de la consommation des produits issus dudit barrage sur la santé humaine, surtout les poissons prisés par les populations environnantes. Pour notre interlocuteur, l’explication à donner à cela est peut-être le prix bas qu’ils offrent. « L’achat se fait chez nous par kg en raison de 500 F », nous confie Salif Soré. Et d’ajouter que « les prix sont logiquement différents de ceux du marché ».
Jean Ilboudo, un autre pêcheur sur les lieux, donne son avis. Pour lui, le poisson peut être consommé sans crainte. « Les poissons ne mangent pas n’importe quoi ; ils ont leur nourriture qu’ils mangent donc pour moi les poissons sont sans danger pour la consommation », affirme-t-il. Toujours selon lui, la pêche est rentable et nourrit son homme.
Le même barrage suscite des interrogations, vu les pertes en vies humaines constatées chaque année. Pour Jean Ilboudo, c’est le jeu des enfants qui provoque ces noyades. « C’est en jouant et en se baignant qu’ils se noient mais à ce moment il n’y a pas une grande personne à côté pour les secourir », relate Jean Ilboudo. La solution selon, Salif Soré, c’est la sensibilisation. « C’est à la société de jouer un rôle de sensibilisateur et d’éducateur sur les enfants, leur dire que ce n’est pas partout qu’on doit jouer », suggère-t-il. Jean Ilboudo va plus loin et préconise des mesures drastiques pour réprimer les auteurs des mauvais actes. « La solution, c’est de mettre quelques éléments de la police aux abords du barrage afin d’embarquer tous les enfants qui tournent autour au commissariat et de faire payer des amendes entre 30 000 et 50 000 F CFA aux parents », dit-il. « Il faut surtout sensibiliser les talibés afin qu’ils évitent de jouer autour du barrage, ce sont eux les plus exposés car ils se baladent partout », conclut Salif Soré.
Sié Mathias Kam (stagiaire)