Ils sont de plus en plus nombreux à présenter des sessions d’informations et à animer des émissions en langues nationales (mooré, dioula et fulfuldé, etc.). Un exercice qui, il faut bien l'admettre, n’est pas toujours facile. Toutefois, ces animateurs et/ou présentateurs ont du mérite, car ils arrivent à expliquer les faits en des termes faciles et compréhensibles.
Aujourd’hui, le monde de l’information et de la communication essaie de s’adapter aux défis du moment. Des défis qui visent notamment à donner la même information aux différentes couches sociales à travers les émissions, les éditions du journal, des spots publicitaires, etc., dans différentes langues. Ce travail requiert de ces traducteurs présentateurs et animateurs une très bonne compréhension de l’information ou de l’idée à transmettre. Au Burkina Faso, les médias audiovisuels ne sont pas en reste. En effet, certains hommes et femmes de presse ont pour domaines de prédilection la traduction en langues locales, la présentation ainsi que l’animation d’émissions. Au nombre de ces derniers figurent Momini Sawadogo, journaliste présentateur et animateur d’émission interactive. S'appuyant sur son expérience, il affirme qu’un message peut être transmis dans une langue étrangère à une catégorie de personnes mais il n’est souvent pas compris de tous. Nos langues nationales permettent, à l’en croire, d’expliquer en des termes simples l’idée initiale. « La meilleure façon de donner l’information en langue mooré est d’expliquer les faits aux auditeurs et téléspectateurs. La traduction littérale trahit souvent le sens de ce qui est dit d’essentiel. Pour mieux réussir cet exercice, il faut donc savoir lire et bien comprendre la langue dans laquelle les faits sont racontés », a-t-il affirmé. Le journaliste présentateur et animateur d’émission estime tout de même qu’il y a l’expérience vécue qui permet aussi de toujours tirer son épingle du jeu.
Même son de cloche chez Fatoumata Ouédraogo, également journaliste dioulaphone. Pour elle, certaines expressions françaises n’ont pas d’équivalence ou simplement n’existent pas en langue dioula. Il faut, en pareil cas, trouver une explication approximative afin de faire comprendre l’information aux auditeurs et d'éviter de tomber dans la désinformation. « Il faut au préalable savoir lire, écrire et comprendre notre langue officielle qu'est le français si on veut pouvoir donner l’information juste en langue dioula. Autrement, on risque de tituber sur des phrases et de donner des informations qui ne sont pas justes », a-t-elle expliqué.
Les deux présentateurs à qui nous avons tendu notre micro reconnaissent de façon unanime que la complexité de ce travail exige aussi souvent un « retour aux sources des langues maternelles afin d’actualiser son lexique » si on veut être en phase avec l’actualité.
Depuis des années, les communications sont faites en plusieurs langues locales au Burkina Faso, ce qui permet à certaines couches de la population d’être à un niveau d’information satisfaisant.
Bruno Bayala