Du 16 au 18 avril 2018, les agents communautaires de l’Association des jeunes pour la promotion des orphelins (AJPO) ont été outillés en para juridique. Initiée par l’AJPO et son partenaire la Fondation de France, cette formation de trois (3) jours a permis aux bénéficiaires de renforcer leur capacité en matière de problèmes de succession, afin de pouvoir accompagner, conseiller et appuyer efficacement les victimes.
« Faites que l’orphelin trouve en vous un père, la veuve et le vieillard un appui, l’étranger un hôte secourable, soyez l’île de l’aveugle et le pied du boitier ». Ce proverbe comme bien d’autres qui défendent la veuve et l’orphelin guide les actions de l’Association des jeunes pour la promotion de l’orphelin (AJPO). En effet, depuis 2013, l’OJPO s’évertue à réaliser des actions de sensibilisation et de plaidoyer auprès des populations, des leaders d’opinion et des autorités administratives en vue de non seulement promouvoir les droits successoraux, mais aussi protéger les victimes que sont les orphelins et les veuves.
Plusieurs facteurs expliquent l’engagement de l’association dans cette lutte. En effet, à l’instar de bon nombre de pays africains, les questions de succession et des droits à l’héritage au Burkina Faso, sont des domaines tellement sensibles, que très souvent dans certaines familles, des femmes sont violentées et réduites au néant et au silence. Les excuses trouvées pour ainsi opprimée les femmes sont les préceptes religieux et coutumiers. Pour permettre donc à la femme de pleinement jouir de ses droits dans les familles machistes et misogynes, la législation burkinabè a pris des dispositions pour réglementer la succession ; lesquelles dispositions sont contenues dans le Code des Personnes et de la Famille (CPF) à travers ses articles 705 et suivants.
Malgré cet encadrement juridique, l’AJPO et ses partenaires constatent sur le terrain que des obstacles persistent dans la promotion des droits successoraux à savoir la méconnaissance des lois adoptées et le poids des pesanteurs socioculturelles. « Dans nos structures, nous rencontrons très souvent des veuves, des orphelins, des personnes qui sont stigmatisées ou rejetées pour les problèmes de succession et de violences dans les familles », a déclaré Mme Rachel BARRO, présidente de l’Association aide moi à être mère.
L’AJPO a donc fait de la promotion des droits successoraux et de la protection des veuves et orphelins son cheval de bataille. Parmi les actions qu’elle mène quotidiennement, figurent celles d’appui conseils et d’accompagnement juridique des veuves et des orphelins victimes ou pas. Ces actions sont menées en collaboration avec le Centre d’éthique judiciaire.
Cet accompagnement, quoi que bienfaisant ne profite pas à tous les bénéficiaires de sa zone d’intervention que sont Ouagadougou, Manga, Po et Saaba.
Pour pallier cette insuffisance, l’AJPO a dans son plan d’actions 2018, prévu une formation de para-juriste, et ce, grâce à l’appui financier de la Fondation de France.
Ainsi, depuis le lundi 16 avril 2018, des conseillers ainsi que des animateurs de l’AJPO et ses associations membres du groupe de plaidoyer au nombre de vingt (20) sont en formation. L’objectif étant de renforcer leurs connaissances sur l’accompagnement juridique des personnes vulnérables, des veuves et des orphelins. Plus spécifiquement il s’agit de présenter la problématique de la succession au Burkina Faso notamment dans le contexte de la lutte contre le Sida.
Pendant Trois jours donc, ces participants ont été outillés de rudiments nécessaires qui permettront à l’association et à ses partenaires de non seulement fournir aux personnes nécessiteuses, des conseils et une aide pour résoudre les problèmes juridiques fondamentaux et de sécurité sociale, mais aussi et surtout, faciliter la médiation et la réconciliation dans des questions litigieuses. « Cette formation m’a permis de renforcer mes connaissances et mes capacités, en matière de droits successoraux, d’écoute et d’orientation des personnes vulnérables, car sur le terrain, nous constatons que les textes sont méconnus et l’analphabétisme fait que beaucoup ignorent leurs droits », confie Elvis OUEDRAOGO, chargé d’évaluation à AJPO Saaba.
Pour atteindre un tel résultat, les formateurs issus de l’association des para-juristes du ministère de la Justice, des droits humains et de la promotion civique, ont opté pour la méthode participative. « La formation a été participative avec des cas pratiques, axée sur les techniques d’écoute et d’orientation afin que l’agent communautaire puisse toujours trouver des solutions aux différents problèmes de succession, sans pour autant gêner les procédures judiciaires, si déjà entamées. Durant tous ces trois jours, tous les participants ont présenté des cas qu’ils ont soit traité auparavant avec des difficultés, soit qui sont en cours de traitement et dont il y a des blocages. Grâce à cette formation, on a pu échanger de bonnes pratiques, et donner des conseils, car ce n’est pas tout le temps il faut prendre le chemin de la justice. Pendant qu’une victime souffre, la priorité pour l’agent communautaire, c’est de chercher des voies et moyens pour stopper cette violation ou atténuer sa souffrance, quitte à ce que des actions judiciaires soient engagées plu-tard », explique Mahamadi OUEDRAOGO, conseiller en droits humains et formateur.
A la fin de la formation, des attestations ont été délivrées à chaque participant, preuve que la bonne graine a été bien sémée.
L’AJPO a été Créée en 1991. En plus d’œuvrer à la promotion des droits humains et des personnes vulnérables en particulier, elle intervient également dans la lutte contre le VIH/SIDA. « N’arrachez plus par la griffe d’un procureur un peu de farine à la bouche de la veuve et de l’orphelin », disait Voltaire. C’est ce à quoi tend aussi l’AJPO et cette formation permettra à ses acteurs de davantage placer l’écoute et l’orientation au cœur de leurs actions en l’endroit des plus vulnérables.
Candys Solange PILABRE /YARO