Réunie le 16 avril, la Coordination des Syndicats de la Fonction Publique (CSFP) a déploré le cadre de discussion que l’Etat a mis en place pour discuter des salaires des fonctionnaires. Pour elle, ce cadre n’est pas la tribune qu’il faut pour discuter et trouver des solutions quant à la satisfaction des revendications des agents publics.
Dans son message à la nation à l’occasion de la nouvelle année, le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, annonçait une reforme des salaires des agents de la fonction publique. Pour opérationnaliser cette promesse, le Premier ministre Paul Kaba THIEBA a initié une rencontre avec l’Unité d’Action Syndicale à qui il a expliqué le caractère « insoutenable » de la masse salariale burkinabè, d’autant plus que celle-ci handicaperait les investissements.
C’est ainsi que le 28 février, la conférence chargée de trouver des solutions à la question a été lancée. Mais, les consultations qui en principe, devraient durer trois semaines, n’ont toujours pas livré ses conclusions. Pour les membres de la Coordination des Syndicats de la Fonction Publique (CSFP), cet enlisement est dû à la non-participation des premiers concernés. Ceux-ci, à travers leurs syndicats et regroupements se disent d’autant plus réservés que le format tel que proposé par le gouvernement et qui implique « les forces vives » ne prête pas à une discussion sereine susceptible d’apporter des réponses convenables aux revendications des travailleurs. Pour les membres de la coordination, ce cadre de discussion n’a pour seuls objectifs que de diviser les travailleurs et de facto, les mettre à dos de l’opinion publique.
Pour les conférenciers donc, ces reformes que veut mettre en œuvre le gouvernement THIEBA, ne vise qu’à revoir à la baisse les traitements salariaux. En outre, la coordination estime qu’elles ont été initiées pour satisfaire les institutions financières internationales, qui elles ne s’intéressent qu’au règlement de la dette du pays.
« Que les débats portent aussi sur les fonds spéciaux des dignitaires »
Mais quoi qu’il en soit, la CSFP dit ne pas être opposée à l’idée des discussions. Cependant, elle estime que si les discussions doivent concerner les traitements salariaux, il n’y a pas lieu que les forces vives prennent part à ces discussions. Celles-ci doivent se faire de façon bipartite, c'est-à-dire uniquement entre le gouvernement et les syndicats. Si les forces vives devraient nécessairement y participer, la CSFP estime qu’il y a lieu que les sujets des discussions soient étendus à une question plus large, c'est-à-dire à la gestion de la richesse nationale.
Dans le cas où les débats se baseraient uniquement sur les traitements des agents publics, la quarantaine de syndicats membres de la CSFP estiment que les débats doivent aussi prendre en compte les émoluments non officiels des dignitaires, ainsi que d’autres aspects qui contribuent à augmenter le train de vie de l’Etat, tels que les fonds spéciaux du Président et ceux du président de l’Assemblée nationale, la gestion du parc automobile, les différentes missions, etc.
Pour la CSFP, sa participation aux discussions doit répondre à un certain nombre de conditions, tels que le respect des droits acquis, la nécessité d’une augmentation salariale « qui tiendrait compte des conditions de travail et du cout de la vie ».Dans le cas où les discussions doivent porter sur la gestion de la richesse nationale, la CSFP promet de soulever des questions telles les crimes économiques, la gestion du foncier, les retombées des minières, etc.
Soumana LOURA