lundi 4 novembre 2024

Secteur informel : Les marchands ambulants ou commerce de fortune

IMG 20180410 WA0008A Ouagadougou comme dans les autres grandes villes du Burkina Faso, certains commerçants à pieds se déplacent de quartier en quartier pour écouler leurs produits. Une activité sujette à de nombreuses polémiques, car nombreux sont ceux qui pensent qu’ils prennent des stupéfiants afin de pouvoir supporter les dizaines de marches quotidiennes. Radars Info Burkina a fait une immersion dans cet univers « atypique » du commerce, en allant à la rencontre de ses acteurs.

 

Des lunettes accrochées sur l’étendue d’un table en bois, des ceintures disposées le long des bras et des avant-bras, des fruits de tous genres que contiennent des charriots, des cartes de recharges vendues à la criée, des chaussures, des téléphones portables…bref, on en trouve de tout avec les commerçants ambulants. Les acteurs de ce commerce qualifié d’informel usent de tous les stratagèmes pour pouvoir transporter à longueur de journée, leurs marchandises pour les emmener partout où un client est susceptible de se trouver, avec des fortunes diverses et non sans certains biens fondés.

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Depuis vingt(20) ans qu’il est vendeur ambulant de tissus, Idrissa TIENDREBEOGO, âgé d’environ cinquante (50) ans explique pourquoi, il préfère cette forme de commerce : « C’est à cause du fait que je n’ai pas beaucoup de marchandises ; regardes toi-même, je n’ai que cinq (05) bandes de tissus sous la main. Avec cela, je ne peux pas me payer le luxe de rester assis à un seul endroit ». Malgré cela, « ce commerce me permet d’assurer tant bien que mal la pitance quotidienne de ma famille », confie-t-il.
Boureima SAKANDE, lui est un vendeur ambulant de téléphones portables. Il estime que « le commerce ambulant est souvent une étape qu’il ne faut pas sauter trop vite. Pour le moment, nous ne pouvons pas nous offrir des boutiques », note-t-il.
IMG 20180410 WA0009M . SANKANDE habite dans le quartier Tanghin de la ville de Ouagadougou, pourtant, nous l’avons rencontré à la Patte d’oie. Néanmoins, il réfute le fait que les marchands ambulants aient des secrets particuliers pour supporter la marche : « Notre secret c’est Dieu, et puis tous les marchands ont un jour de repos. Même les jours de travail, nous nous accordons des moments de repos », explique-t-il. « La fatigue est telle que souvent nous n’arrivons même pas à dormir les soirs une fois » ajoute-t-il Boureima.
Saidou KOUANDA 23 ans, également vendeur de téléphones portables est lui surtout, échaudé par la morosité du marché. « Lorsque vous faites cinq(05) jours sans vendre le moindre appareil et que vous devez obligatoirement vous nourrir, avouez que votre commerce est emmené à péricliter ». Si à tort ou à raison certains estiment que ces vendeurs prennent des substances pour pouvoir supporter la marche, Saidou lui est catégorique : « Je ne prends même pas le café à fortiori autres remontants », confie-t-il. « Avec le peu que nous gagnons comment penser que nous pouvons nous offrir des substances ? » s’insurge Assami KAFANDO vendeurs de morceaux de cannes à sucre dont il s’approvisionne au Niger voisin. Un produit qui se détériore rapidement. Ce qui rend sa rentabilité compliquée. Il dit être venu au commerce non sans avoir au préalable exercé ailleurs : « J’étais dans les sites d’orpaillage au Mali mais il nous arrivait d’avoir maille à partir avec les Maliens dont certains extorquaient le peu d’or qui nous tombaient sous la main. J’ai donc décidé de revenir rouler ma bosse au bercail »,explique-t-il.


« Il m’arrive de prendre des injections »


A quelques encablures de là, repose Issaka DIALLO, vendeur de cola qui est en train de profiter du bienfait que procure l’ombre généreuse d’un arbre. Il habite aussi loin du lieu rencontré. « Pour supporter la marche, je prends des injections dans des centres de santé. Chaque injection me revient à 10 000 francs et me permet de tenir trois(03) mois ». Mais le vendeur est resté évasif sur le nom du produit utilisé. Nous nous sommes rendus dans des centres de santé pour en savoir plus sur ces injections sans succès. Les médecins et infirmiers rencontrés nous ont répondus ne pas avoir le droit d’évoquer un tel sujet sans autorisation préalable. Comme quoi, le commerce ambulant renferme bien des mystères difficiles à percer.


Soumana LOURA

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