Les dernières statistiques de l’Organisation des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) font état de 200 millions de consommateurs de la drogue dans le monde, soit 5% de la population mondiale qui a un âge compris entre 15 et 64 ans. Au Burkina Faso, ce phénomène touche énormément la jeunesse plus particulièrement le milieu éducatif. La jeunesse étant l’avenir d’un pays, celui du Burkina semble incertain avec la croissance d’une telle pratique. Avec des corollaires aussi bien sur le plan sanitaire, économique, que social, ce phénomène ne peut être éradiqué qu’avec la participation de tous les burkinabè.
Devenue un problème de santé publique, la drogue est un désastre pour le développement du Burkina Faso. En effet, elle est un des facteurs déclencheurs de plusieurs maux en l’occurrence, la violence, le crime, l’incivisme, et peut être un vecteur de maladies (VIH SIDA, la tuberculose, l’hépatite, la folie). Pouvant même causer la mort, la consommation de la drogue, contribue à aggraver la pauvreté et à alimenter le terrorisme.
En milieu scolaire les conséquences de la consommation de la drogue sont énormes. En effet, en plus d’être source d’incivisme, de violence, de maladies, de grossesses précoces et indésirées, de vol et de viol, elle peut conduire à la déscolarisation des enfants. Selon Hamidou ILBOUDO, Secrétaire Permanant par intérim du Comité National de la Lutte contre la Drogue (SP CNLD), « la drogue en moins de 06 mois peut entrainer la déchéance du sujet. Aussi, certaines substances telles que le Cannabis affole. Ce qui contribue à la croissance du taux de malades mentaux au sein de la jeunesse burkinabè. En outre, on assiste de nos jours à la consommation d’une drogue de synthèse plus connue sous le nom de Tramadol qui est utilisé pour le traitement de la douleur pour les patients soufrant de cancer. Ces jeunes en consomment, parce que c’est un puissant élément qui repousse la faim et les limites de la fatigue ».
Hamidou ILBOUDO, Secrétaire Permanant par intérim du SP CNLD
La prolifération de ces stupéfiants s’explique par le fait que « l’Afrique de l’ouest, autrefois zone de transit par excellence, est devenue de nos jours une zone de consommation. En outre, il faut noter qu’avant la drogue se présentait sous forme naturelle (plante), mais aujourd’hui, on la retrouve sous plusieurs aspects (Comprimés, poudre, liquide, etc.), pourtant, l’Afrique est réputée être un grand consommateur de médicaments. Ce qui facilite l’écoulement de ce nouveau type de drogue dite de synthèse en Afrique (Sous forme de comprimés) », explique Hamidou ILBOUDO.
Au Burkina Faso, les autorités ont fait sienne le dicton populaire qui dit que « prévenir vaut mieux que guérir », afin de pouvoir un jour endiguer ce fléau. « La prévention à travers la sensibilisation reste le moyen le plus sûr, parce qu’il est démontré que l’ignorance est la première cause de la drogue. C’est pourquoi, le CNLD et les regroupements de la société civile mènent des actions dans ce sens. Au Burkina Faso, il y a un consortium de neuf (09) associations qui ont bénéficié de financement de l’organisation des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) pour mener des activités de sensibilisation en milieu scolaire dans deux (02) régions que sont le Centre et le Plateau central. Il y a également des artistes qui participent à la lutte tels qu’OSKIMO à travers le « OSKIMO TOURS ». Aussi, plusieurs structures appuient l’Etat dans cette lutte. Ne dit-on pas souvent qu’investir un dollars dans la prévention c’est gagné plus de 100 dollars dans la prise en charge ? C’est dans ce dynamisme que le Burkina Faso s’est engagé afin de pouvoir un jour voir le bout du tunnel », indique M. ILBOUDO.
L’un des défis majeur pour le Burkina dans cette « guerre contre la drogue » est la prise en charge adéquate des toxicomanes. En effet, malgré l’ampleur du fléau et le désastre qu’il engendre, il n’existe toujours pas de centres spécialisés dans la prise en charges des dépendants de la drogue. Actuellement, les prises en charge se font dans les centres psychiatriques. Mais, cela n’est pas adapté aux toxicomanes qui disent souvent ne pas être des malades mentaux.
Autre défi à relever par les autorités burkinabè est la réinsertion sociale. Après le sevrage le toxicomane repart dans le même environnement. Ce qui est une tentation pour ce denier qui replonge très souvent.
Edwige SANOU