Il y a cinquante (50) ans, Martin Luther King, leader de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, était assassiné à Memphis, dans le Tennessee. Pendant toute sa vie, il a lutté pour la liberté, l’égalité et la justice telle que prôné aujourd’hui dans la déclaration universelle des droits de l’homme. Depuis cinquante ans, cette « bible » a guidé la vie et le combat de nombreuses personnes à travers le monde, afin que les droits et la dignité soit respectées, sans considération de race et couleur. Retour donc sur la vie et le parcours de ce défenseur pacifique des droits de l’homme.
Martin Luther King, né à Atlanta, est originaire d'une famille de pasteurs et bénéficie d'un milieu social plutôt favorable. En 1954 il devient pasteur baptiste et exerce à Montgomery, dans l’Alabama. En 1955, il prend la tête du mouvement de soutien à Rosa Parks arrêtée par la police pour avoir refusé de céder sa place à un blanc dans un bus, et lance un appel au boycott de la compagnie de bus de la ville. Malgré les intimidations, le boycott durera un an, jusqu'à ce que la Cour Suprême donne tort à la compagnie de bus.
L'impact médiatique de cette victoire amène Martin Luther King à fonder la Conférence des leaders chrétiens du sud (SCLC) avec d'autres personnalités noires et à en devenir le président. Partisan de la non-violence, il décide d'étendre la lutte pour les droits civiques des Noirs à l'ensemble des Etats-Unis. Par ailleurs, au fil des ans, ses actions se multiplient dans le pays : mouvement étudiant en 1960, campagne de Birmingham en 1963, etc. Ses luttes l’amèneront à rencontrer des personnalités éminentes telles que le président Eisenhower.
Inspiré par Henri-David Thoreau (1817-1862), auteur de « La désobéissance civique », et admirateur de Gandhi (1869-1948), Martin Luther King effectue en 1959 un voyage en Inde pour approfondir sa connaissance du Satyagraha, les principes de Gandhi.
Mais Luther King doit aussi subir les attaques de ses adversaires. En l'espace de cinq ans, il doit faire face à une accusation de fraude fiscale, à un passage à tabac par la police, à une tentative d’assassinat mais aussi à plusieurs séjours derrière les barreaux. Mais face à la prison, il reçoit le soutien de grandes personnalités politiques. Ainsi John Kennedy intervient en faveur de sa libération en 1963.
Une fois libre, il est à la tête de grandes campagnes pour les droits civiques, le droit de vote des Noirs, la fin de la ségrégation, une meilleure éducation. Il est arrêté à plusieurs reprises. Dans son discours du 28 août 1963, « I have a dream » (« Je fais un rêve »), devant deux cent cinquante mille (250 000) personnes, il lance un appel pour un pays où tous les hommes partageraient les mêmes droits dans la justice et la paix. La violence des forces de l'ordre et le harcèlement des ségrégationnistes face aux luttes pacifiques engendrent une vague de sympathie au sein de l'opinion publique pour le mouvement des droits civiques.
En 1964, Martin Luther King reçoit le Prix Nobel de la Paix dont il est le plus jeune lauréat. La plupart des droits pour lesquels il milite sont votés comme lois avec le Civil Rights Act de 1964 et le Voting Rights Act de 1965.
Après ses succès dans le sud des Etats-Unis, Martin Luther King s'installe à Chicago en 1966 et cherche à étendre le mouvement dans le nord du pays. Les manifestations qu'il organise à Chicago suscitent une réaction encore plus violente que dans le sud. En 1967, il se déclare contre la guerre au Vietnam, estimant que les Etats-Unis "occupent le pays comme une colonie américaine". Il s'engage dans la lutte contre la pauvreté et organise la « Campagne des pauvres » pour s'attaquer aux problèmes de justice économique.
Le 3 avril, au Mason Temple (Church of God in Christ, Inc. – siège mondial), Martin Luther fait le discours prophétique « I've Been to the Mountaintop » (« J'ai été au sommet de la montagne ») devant une foule euphorique : « Ce n'est pas vraiment important ce qui arrive maintenant… Certains ont commencé à […] parler des menaces qui se profilaient. Qu'est-ce qui pourrait m'arriver de la part d'un de nos frères blancs malades… Comme tout le monde, j'aimerais vivre une longue vie. La longévité est importante mais je ne suis pas concerné par ça maintenant. Je veux juste accomplir la volonté de Dieu. Et il m'a autorisé à grimper sur la montagne ! Et j'ai regardé autour de moi, et j'ai vu la terre promise. Je n'irai peut-être pas là-bas avec vous. Mais je veux que vous sachiez ce soir, que nous, comme peuple, atteindrons la terre promise. Et je suis si heureux ce soir. Je n'ai aucune crainte. Je n'ai peur d'aucun homme. Mes yeux ont vu la gloire de la venue ».
Le 4 avril 1968 à 18h01, Martin Luther King est assassiné par un ségrégationniste blanc, alors qu'il se trouve sur le balcon du Lorraine Motel à Memphis dans le Tennessee. Ses dernières paroles sont dites au musicien Ben Branch qui devait se produire ce soir-là lors d'une réunion publique à laquelle assistait Martin Luther : « Ben, prévois de jouer Precious Lord, Take My Hand (Seigneur, prends ma main) à la réunion de ce soir. Joue-le de la plus belle manière ». Ses amis à l'intérieur de la chambre du motel entendent des coups de feu et courent sur le balcon pour trouver Martin Luther King abattu d'une balle dans la gorge. Il est déclaré mort au St Joseph's Hospital à 19h05.
L'assassinat provoque une vague d’émeutes raciales dans soixante (60 ) villes des États-Unis) qui fait de nombreux morts et nécessite l'intervention de la Garde nationale. Cinq jours plus tard, le président Johnson déclare un jour de deuil national, le premier pour un Afro-Américain, en l'honneur de Martin Luther King. Trois cent mille (300 000) personnes assistent à ses funérailles le même jour, ainsi que le vice-président Hubert Humphrey.
À la demande de sa veuve, Coretta Scott King, Martin Luther fit sa propre oraison funèbre avec son dernier sermon « Drum Major » enregistré à l'Ebenezer Baptist Church. Dans ce sermon, il demande qu'à ses funérailles aucune mention de ses honneurs ne soit faite, mais qu'il soit dit qu'il avait essayé de « nourrir les affamés », « habiller les nus », « être droit sur la question du Viêt Nam » et « aimer et servir l'humanité ». À sa demande, son amie Mahalia Jackson chante son hymne favori, « Take My Hand, Precious Lord ».
Si sa mort prématurée l'a empêché d'agir contre la pauvreté, ses méthodes non-violentes ont certainement été fondamentales pour l’accomplissement de l’égalité des droits tout en évitant de plonger le pays dans une guerre civile ou communautaire. Ayant toujours refusé de céder à la tentation de la violence, Martin Luther King s’est imposé au même titre que Gandhi comme le symbole d’une lutte qui ne laisse pas la place aux armes.
Jusqu'à la fin de sa vie donc, Martin Luther King a considéré les émeutes comme un moyen inefficace au-delà même de leur nature opposée à sa doctrine de non-violence, de morale et de foi . Ainsi pour lui, « Les émeutes ne règlent rien ».
Dans une de ses lettres, Martin Luther King écrivait : « une injustice où qu'elle soit est une menace pour la justice partout ». Aussi, il a toujours répété ces paroles de Thurgood Marshall : « une justice trop longtemps retardée est une justice refusée ». Si son combat contre les lois ségrégationnistes Jim Crow a marqué l'Histoire, il faut tout de même reconnaître qu’il n'a toutefois jamais pris fin. Il vise désormais principalement les violences de la police envers les noirs. En 2016, ils étaient au moins cent vingt-trois (123) personnes à avoir été abattues, selon un décompte du Washington Post. Nombreux sont les héritiers du révérend qui se sont inspirés de son discours pour poursuivre la lutte, de manière pacifique ou non. Mais, force est de constater de par le monde et surtout en Afrique que son combat pour la justice est toujours d’actualité. Plus que des mots, il est enfin temps que le sacrifice de tous ces martyrs morts pour la liberté et la justice ne soit pas vain. Et Martin Luther King le disait si bien : « Si on dit que le pouvoir est la capacité à changer les choses ou la capacité à réussir ses objectifs, alors ce n'est pas le pouvoir que de s'engager dans un acte qui n'accomplit pas cela et ceci quel que soit le bruit que vous fassiez et le nombre de choses que vous brûliez ».
Candys Solange PILABRE/ YARO