Depuis quelque temps, les populations de Ouagadougou font face à des baisses de pression, voire des coupures d’eau. Si la situation est difficile pour tous les Ouagalais, elle se présente avec plus d’acuité dans les zones périphériques communément appelées « non loties » à l’instar de Nagrin.
Pour les habitants de Nagrin, quartier de la périphérie sud de Ouagadougou, et de bon nombre de quartiers périphériques de la ville de Ouagadougou, les mois de mars et d’avril constituent une période difficile. En effet, cette période est pour eux, synonyme de manque d’eau avec tout son lot de calvaires et de privations. « Depuis hier à 15 heures, je n’ai pas aperçu la moindre goutte d’eau. Les femmes attendent depuis minuit que l’eau coule du robinet », confie Pascal ZONGO, un gérant d’une borne fontaine, entourée par des dizaines de bidons et de barriques. Autour de cette borne fontaine, la plupart des bidons et barriques d’eau sont alignés sans leurs propriétaires. Seules quelques femmes tentent de s’abriter sous l’ombre que fournit le bâtiment de l’école qui jouxte la fontaine. De guerre lasse, les propriétaires sont allés vaquer à d’autres activités, le temps que des bornes fontaines, vienne une hypothétique bonne nouvelle.
Plus loin, autour d’une autre borne fontaine, même constat, mêmes récriminations. « Nous vivons cette situation depuis près de deux(02) mois et souvent, nous pouvons passer une journée entière à attendre que l’eau vienne », explique Diane NIKIEMA qui attend « que » depuis six (06) heures que l’eau coule. « Ces derniers temps, lorsque l’eau vient, c’est juste pour un bout de temps. Le temps de recueillir un ou deux bidons. Faire la lessive et se laver est devenu un luxe pour nous. Nous cherchons juste de quoi boire et faire la cuisine » martèle sa camarade d’infortune, assise sur ses nombreux jerricans. Cette souffrance au quotidien se conjugue surtout au féminin, car il revient à la femme de chercher l’eau pour les besoins du ménage. « C’est surtout nous autres femmes qui souffrons », insiste Prisca NIKIEMA.
Mais, que cela ne tienne, les hommes sont sensibles à cette difficulté que vivent les femmes pendant ces moments de canicule où l’eau devient ipso facto une denrée rare. « Le moins que l’on puisse dire est qu’elles souffrent. Et cela, paas seulement aux fontaines publiques où elles en viennent souvent à se battre, mais aussi à la maison avec les époux », reconnait Alassane NIKIEMA.
Il faut noter que la plupart des fontaines publiques qui existent dans cette zone sont en panne. « Ce qui fait que souvent, on peut retrouver environ deux cents (200) femmes autour d’une borne fontaine à attendre que coule le liquide précieux du robinet, d’où les incessantes bagarres », déplore monsieur NIKIEMA. Moumouni SANA, gérant de fontaine, lui, estime à quatre (04) le nombre de fontaines qui sont aux alentours. Malheureusement, « elles sont toutes hors d’usage. Par manque de moyens et/ou par mauvaise foi, les habitants n’acceptent pas cotiser pour assurer les services de réparation », déplore t-il. Selon lui, le coût de réparation d’une fontaine peut atteindre quarante mille (40 000) francs CFA, alors que les recettes que celle-ci génère ne suffisent pas pour honorer les charges de réparation. Le vieux Moumouni se dit désemparé : « En principe chacun devrait débourser dix (10) francs CFA pour un bidon de vingt litres, mais figurez-vous qu’il y a des gens qui s’y dérobent. Pour pallier à cette situation et forcer les gens à payer, j’ai bouclé la fontaine hier nuit. Malgré tout, des gens sont venus saboter la serrure ».
Soumana Loura