Reine Bertille Sakandé née Bénao est une battante qui s’est engagée très tôt en politique pour, dit-elle, apporter sa pierre à l’édification de sa Nation. La rédaction de radarsburkina.net est allée à la rencontre de cette élue nationale de la province du Ziro qui dit être contre le quota genre, non sans expliquer pourquoi. Lisez plutôt.
Radars Info Burkina (RB) : Veuillez vous présenter aux lecteurs de radarsburkina.net.
Reine Bertille Sakandé née Bénao (RBS) : Je suis Reine Bertille Sakandé née Bénao, députée à l’Assemblée nationale du Burkina Faso et membre de la Commission d’évaluation des politiques publiques et du suivi des recommandations à l’AN. Je suis également membre du Parlement de la CEDEAO, précisément présidente de la Commission genre (promotion du genre et de la protection sociale). Enfin, j’ai été élue dans la province du Ziro, dont le chef-lieu est Sapouy.
RB : Être femme députée au Burkina Faso, est-ce aisé ?
RBS : Il faut dire que ce n’est pas chose aisée parce que ce qu’un homme peut faire, il faut que la femme le fasse doublement pour être reconnue à sa juste valeur. Vous savez qu’être député au Burkina n’est pas une sinécure. Il faut se battre parmi les hommes pour se faire élire. En outre, il faut avoir la chance d’être bien positionnée. Et c'est là que le bât blesse car la plupart du temps, les hommes ne sont pas du tout disposés à laisser leur place. Il nous revient donc à nous, femmes, de nous battre pour nous faire positionner sur les listes, d’occuper les premières places si nous voulons nous faire élire.
RB : On a envie de vous demander comment vous êtes parvenue à ce niveau.
RBS : Laissez-moi vous dire que ce ne fut pas du tout facile. J’ai commencé par Ouagadougou, où je militais dans l’arrondissement de Signoghin. J’ai été première adjointe au maire dudit arrondissement. Il faut noter également que depuis 2002, j’ai toujours été candidate aux législatives. Vous comprendrez donc que de 2002 à 2015, année où j’ai été élue, ce fut un parcours du combattant.
RB : D’où tirez-vous cet engagement de vous consacrer corps et âme à la politique ?
RBS : Comme on aime à le dire, si vous ne faites pas la politique, c’est la politique qui va vous faire. Je me suis engagée très tôt en politique au moment de la Révolution burkinabè pour apporter ma petite pierre à l’édification de la Nation, notamment en ce qui concerne la prise en charge des femmes. Ma conviction est qu'on ne peut aller au développement sans y associer cette frange de la société que sont les femmes, qui constituent plus de 52% de la population. On a donc notre mot à dire. J’ai, par la suite, migré vers ma province car je me suis rendu compte qu’on était très en retard. On n’avait pas de voies praticables, pas d’eau potable, ni d’écoles et pas assez de dispensaires. Nous étions une des provinces les plus délaissées. Dieu merci, depuis l’avènement du MPP au pouvoir, un certain nombre de choses y ont évolué positivement. A l’heure actuelle, si je ne trompe pas, nous sommes à près de 40 villages électrifiés, nous ne parlons plus d’écoles sous paillotes dans la province mais plutôt de classe sous paillotes. Il en est de même pour l’eau potable : près de 100 forages ont été réalisés.
RB : Croyez-vous au quota genre ?
RBS : Personnellement, je suis contre le quota genre et je m’explique. C’est vrai qu’il faut passer par là pour pouvoir rattraper un peu le retard de la gent féminine en matière de politique. Mais je suis désolée de dire, il y a certaines provinces où vous ne trouverez pas de femmes à positionner. Cette remarque, nous l’avons même faite lors d’une réunion des partis politiques, aussi bien de l’opposition que de la mouvance. Il ne faut pas positionner pour positionner. Les femmes doivent se battre au même titre que les hommes si elles veulent être positionnées sur les listes de candidature. Je ne suis pas pour qu'on promeuve la médiocrité. Si une femme n’est pas compétente et qu’elle se retrouve à l’Assemblée nationale grâce au quota genre, il va sans dire qu’elle n’arrivera pas à défendre la cause de la femme.
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