Initialement utilisés dans la culture de certaines denrées telles le coton, les pesticides se sont peu à peu installés dans les habitudes des paysans des villes et des campagnes. De plus en plus, ceux-ci n’hésitent pas à se servir des herbicides et des insecticides pour, disent-ils, améliorer la productivité agricole en économisant du temps et de l’argent. Parce qu’ils ne prennent pas toujours les dispositions indiquées dans l’utilisation de ces pesticides, les agriculteurs s’exposent aux effets nocifs de ces produits dont ils ne maîtrisent pas toujours la qualité, la composition et le dosage. En plus des effets dommageables qu’ils peuvent avoir sur l’environnement, les pesticides peuvent entraîner chez l’homme des pathologies graves telles les maladies respiratoires, le diabète, les maladies cardiovasculaires et même impacter la fertilité aussi bien de l’homme que de la femme.
L’utilisation des pesticides par les agriculteurs, qu’ils soient de sexe masculin ou féminin, peut impacter leur capacité à procréer. En effet, l’exposition aux pesticides peut, selon Alexis Yobi Sawadogo, gynécologue, impacter négativement le processus de fabrication des spermatozoïdes ou entraîner une baisse de la qualité du sperme. Toute chose qui influe sur la fertilité de l’homme. Les femmes non plus ne sont pas épargnées car exposées aux pesticides, cela peut contribuer à accélérer leur vieillissement ovarien ou, dans le cas de la femme enceinte, provoquer des malformations congénitales, un avortement spontané, la prématurité, des troubles de croissance fœtale, un faible poids à la naissance et même la mort du fœtus. Les médecins recommandent donc aux personnes exerçant dans le domaine agricole et ayant recours aux pesticides d’utiliser les produits phytosanitaires autorisés au Burkina et adaptés au type d’agriculture qu’elles pratiquent (culture maraîchère ou culture de rente). Elles doivent aussi veiller à utiliser un équipement adéquat et éviter une exposition prolongée aux pesticides afin de préserver leur santé reproductive.
Les consommateurs des fruits et légumes issus de la culture maraîchère et comportant des résidus de pesticides, peuvent également présenter des troubles de la reproduction. Une étude publiée par le magazine américain Human Reproduction montre clairement l’impact de la consommation de ces aliments sur la qualité du sperme de ceux qui les consomment. Selon cette étude menée pendant plusieurs années sur une centaine d’hommes, les plus gros consommateurs de pesticides, au travers de leur alimentation, ont un nombre de spermatozoïdes inférieur de 49% par rapport aux autres hommes. Un chiffre alarmant d’autant plus que l’on sait qu’avec cette baisse de la qualité du sperme, l’infertilité augmente. C’est pourquoi à défaut de manger des fruits et légumes bios, les professionnels de la santé recommandent de consommer des fruits de saison et de bien laver la peau ou peler les fruits afin de diminuer le nombre de résidus de pesticides que nous ingérons en les consommant.
Armelle Ouédraogo