L’activité de lavage d’engins à 2 et 4 roues commence véritablement à faire des heureux. Le savoir-faire et la passion devraient être les motifs qui conduisent les jeunes à se lancer dans cette activité. Hélas, ce n’est pas le cas de certains d’entre eux. Beaucoup, qui ne sont que des amateurs, s’y lancent uniquement par appât du gain. Mais Iliasse Zoungrana sort du lot. Il fait partie de ceux qu’on pourrait qualifier d’exemplaires. Installé en face de la Fédération du Cartel, au quartier Cissin de Ouagadougou, M. Zoungrana est, en un mot, un professionnel.
Contrairement à plusieurs jeunes inexpérimentés qui se sont lancés dans cette activité, Iliasse Zoungrana, la trentaine bien sonnée, maîtrise son travail. Il confie n’avoir pas fait long feu à l’école. Ce n’est pas exagéré de dire qu’il manie son éponge et le tuyau d’eau avec la dextérité d’un vannier. Assis en face de son lieu de travail, nous l’observons. En 10 mn chrono, il a fini de rendre une moto très propre. D’après lui, ce temps lui est largement suffisant pour laver convenablement une moto. « La première étape consiste à ôter de la moto la poussière et les saletés à l’aide du tuyau à pression qui contient déjà du savon liquide », a-t-il révélé. Après cette étape, a-t-il poursuivi, en quelques minutes, avec l’éponge, je lave les pneus et il ne me reste alors plus qu’à rincer la moto. L’autre secret d’Iliasse Zoungrana, c’est que l’eau qu’il utilise pour rincer les engins est contenue dans un fût. A l’en croire, c’est cette eau qui est utilisée pour la première étape de lavage et il y est ajouté du savon liquide. « Chez moi, il n’y a pas de gaspillage d’eau occasionnant l’écoulement d’eau sur les voies », s’est-il vanté. Marié et père de 2 enfants, M. Zoungrana confie que sa recette journalière est comprise entre 10 000 et 15 000 francs CFA. Le lavage d’une moto coûte 300 francs CFA et celui d’une voiture 2000 francs CFA. « Je ne me plains pas. Avec ça, j’arrive à prendre soin de ma famille », a-t-il indiqué. Et d’ajouter : « Je ne fais pas ce travail parce que je n’ai rien d’autre à faire. Je le fais parce que c’est un métier comme les autres ». Selon le ministère du Commerce, plus de 80 000 motocyclettes sont vendues par an au Burkina. Toute chose qui favorise le développement du type d’activité que mène Iliasse Zoungrana. Si sous d’autres cieux ce genre d’activité génératrice de revenus bénéficie de financements, au Burkina Faso, bien que le gouvernement exhorte les jeunes à l’entrepreneuriat et à l’auto-emploi, la garantie exigée aux emprunteurs par les établissements bancaires constitue, malheureusement, un obstacle à l’obtention d’un financement. En attendant que cette conception médiévale soit révolue, bon vent aux secteurs de la « débrouille » et surtout courage aux Burkinabè ingénieux.
Juste Mien