Difficile de circuler à Ouagadougou, la capitale du Burkina, sans remarquer des objets de seconde main, communément appelés « France au revoir », exposés aux abords des principales artères. Habits, matelas, salons, cuisinières, portables, etc., de seconde main, suscitent l’engouement des populations et ceux qui les vendent font de bonnes affaires. A l’inverse, les commerçants agréés de ces marchandises broient du noir.
La revente d’objets venant de l’Occident, appelés communément « France au revoir », prend de l’ampleur au Burkina Faso, notamment dans la capitale. La rédaction de radarsburkina.net a fait un tour chez quelques marchands de « France au revoir » et d’articles neufs. Il s’agit d’articles divers, tels les matelas, les assiettes, les cuillères, les chaises, les ordinateurs, les réfrigérateurs, les cuisinières. Si certains ont des magasins où ils écoulent leurs produits, d’autres sont à même le sol, au bord des rues fréquentées. Leur prix varie d’un commençant à un autre. Issiaka Dermé, commerçant de cuisinières de seconde main aux 1200 logements, déclare que le prix de celles-ci varie entre 60 000 et 250 000 francs CFA. Ce sont des prix à débattre. Il soutient ne plus faire de bonnes affaires parce que « tout le monde est devenu revendeur de seconde main » à Ouagadougou. « Avant, mes marchandises ne suffisaient pas. Mais maintenant je peux faire une semaine ou deux sans rien vendre», a-t-il regretté.
Les prix chez Assimi Koanda, commerçant du même produit mais neuf, vont de 75 000 à 500 000 francs CFA. « Les gens préfèrent aller payer ce qui est moins cher, croyant que c’est bon », a-t-il soutenu. Il n’y est pas allé par quatre chemins pour exprimer son mécontentement. « En tout cas sans mentir, ils nous font la force. Nos marchandises ne sortent plus à cause des revendeurs France au revoir », a-t-il lancé avant d’ajouter que les commerçants de « France au revoir » font croire aux clients que leur matériel est plus résistant que celui neuf. « Du coup tout le monde va prendre là-bas, et c’est quand ils ont des problèmes qu’ils reviennent nous voir », a-t-il confié. Pour lui, nombreux sont ces revendeurs qui ne payent même pas d’impôts. Mais son de trompette chez Ambroise Nikièma, commerçant de matelas neufs. Il fustige aussi les revendeurs « France au revoir » qui sont, selon lui, la cause de leur mévente. « Franchement, ils nous font du tort, l’Etat devrait faire quelque chose sinon on risque un jour de fermer », a-t-il dardé.
Ali Simporé est un jeune revendeur de matelas de seconde main. « Mes matelas viennent de l’Allemagne. C’est mon grand frère qui me les envoie pour que je les écoule », a-t-il affirmé. Il ajoute que ses matelas ne sont pas chers (30 000 à 85 000 francs CFA) et sont de bonne qualité. « Nous arrivons à vendre 3 à 4 matelas par jour. Nous nous en sortons », a-t-il souligné. A la question de savoir si ces revendeurs « France au revoir » ne font pas de la concurrence déloyale aux commerçants agréés, tous répondent par la négative. « On va faire comment ? Chacun se débrouille comme il peut pour nourrir sa famille », a renchéri M. Simporé. Qu’a cela ne tienne, le nombre de clients de ces revendeurs n’est pas près de baisser tant que notre pouvoir d’achat n’augmentera pas, foi d’Alimata Bigouré. « Les gens préfèrent les objets de seconde main parce qu’ils sont relativement moins chers », a-t-elle confié, ajoutant qu’ils sont plus résistants que les appareils chinois. De plus, a-t-elle poursuivi, quand ça ne marche pas, on a la possibilité de revenir changer. « Ceux dont je me méfie, ce sont les produits alimentaires », a-t-elle conclu.
Obissa Juste Mien