L’article 2 de la loi n°012-2010/AN, portant protection et promotion des droits des personnes handicapées, définit celles-ci comme « toute personne qui présente une ou des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à sa pleine et effective participation à la vie de la société sur la base de l’égalité avec les autres ». Le Recensement général de la population et de l’habitation (RGPH) de 2006 estimait à 1,2% de la population burkinabè le taux de personnes vivant avec un handicap, précisément 52,74% d’hommes et 47,26% de femmes. Ces personnes, faut-il le rappeler, connaissent des difficultés de tous ordres au quotidien, lesquelles constituent un frein à leur pleine intégration dans la société.
De l’avis d’Hachimou Tapsoba, coordonnateur national des associations de personnes vivant avec un handicap, les difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap dans leur quotidien sont énormes. En effet, ces personnes ont bien souvent du mal à avoir accès à bon nombre de services et bâtiments publics, ceux-ci étant dépourvus de rampes d’accès. Et bien souvent, celles que possèdent certains édifices ne sont pas adaptées. Ce qui réduit considérablement leur accès aux handicapés moteurs. « Lorsque je vais par exemple dans un service où la personne que je souhaite rencontrer a son bureau situé jusqu’au 4e niveau et que le bâtiment ne dispose pas d’un ascenseur, je suis obligé de repartir parce que je ne peux pas y monter. Dans bien des établissements financiers aussi, rien n’est prévu pour en faciliter l’accès aux personnes handicapées. Si bien que nous sommes obligés de confier nos opérations au parqueur pour qu’il les fasse à notre place. Alors que ce sont des choses personnelles que l’on aimerait garder pour soi », fait savoir Hachimou Tapsoba. Il ajoute que les difficultés d’accès s’étendent aux centres de santé, très peu d’entre eux disposant de matériel comme des fauteuils roulants pour permettre aux personnes handicapées d’accéder facilement aux salles de soins. Plus spécifiquement, les femmes vivant avec un handicap sont par exemple obligées, pour la plupart, de donner naissance sur des tables d’accouchement non adaptées à leur situation, avec tous les risques que cela comporte. Pour ce qui est de l’éducation, l’insuffisance de structures scolaires adaptées constitue un frein à la scolarisation de certains enfants handicapés dont les parents ne disposent pas d’assez de moyens financiers pour les inscrire dans des centres spécialisés. Ce faible accès à l’éducation et à la formation professionnelle réduit l’insertion professionnelle, si bien que seulement 2% des personnes handicapées actives sont occupées.
La carte d’invalidité instituée en faveur des personnes handicapées en vue de leur offrir des avantages dans des domaines tels la santé, l’éducation, la formation professionnelle, l’emploi, les transports, n’est pas reconnue et acceptée par certains agents administratifs qui disent ne pas connaître son existence et les avantages qu’elle confère. M. Tapsoba confie avoir dû batailler une fois avec un agent d’un service public pour avoir droit à une prestation dont il était exonéré grâce à sa carte d’invalidité. « L’agent m’a dit qu’il ne connaissait pas la carte d’invalidité, donc je devais payer comme tout le monde. Je lui ai donc dit d’aller se renseigner auprès de son supérieur hiérarchique sur la conduite à tenir car je ne compte pas payer pour un service offert grâce à la carte. Il a boudé mais après s’être renseigné auprès de son supérieur, c’est juste le timbre que j’ai dû payer». Pour lui, cette carte devrait être repensée et la communication mieux faite, pour permettre aux personnes handicapées d’en jouir pleinement.
Veiller à créer des conditions plus favorables à la prise en compte des personnes handicapées dans tous les domaines faciliterait certainement l’insertion de cette frange de la population dans la société.
Armelle Ouédraogo