Dans la nuit du mardi 31 décembre 2019 au mercredi 1er janvier 2020, c’était la soirée de la Saint-Sylvestre partout dans le monde. C’est le réveillon du Nouvel An. De l’affrontement intercommunautaire à Yirgou avec pour corollaire de premiers délacés internes au verdict du putsch manqué de 2015, en passant par le dialogue politique, nous avons sélectionné quelques évènements socio-économiques ayant marqué le pays des Hommes intègres en 2019.
Lundi 31 décembre 2018 à l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire sur la « situation sécuritaire », le président du Faso a décidé de déclarer l’état d’urgence dans certaines provinces du Burkina Faso afin de contrer la menace terroriste.
Deux jours plus tard, 2019 s’ouvre dans les violences intercommunautaires au Burkina Faso. En effet mardi 1er janvier 2019, un affrontement communautaire a eu lieu à Yirgou. La communauté peulhe de Yirgou, accusée d’avoir abrité des terroristes qui auraient assassiné un chef mossi, a été l’objet de représailles de la part de groupes d’autodéfense koglweogo. Contrairement à certaines organisations de la société civile qui parlent de 210 morts dans le massacre de Yirgou, le Procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Kaya, lui, déclare que la police judiciaire sur place a constaté 50 corps et que selon la gendarmerie, 66 personnes sont portées disparues. Dans le dossier de Yirgou, 180 mandats d’amener émis, seulement 12 personnes interpellées pour le moment. Cette situation a provoqué le déplacement de plusieurs centaines de personnes. Le pays commence alors à compter des déplacés internes. Le Burkina Faso est confronté à une crise humanitaire sans précédent liée à une augmentation soudaine de violences. « Nous avons aujourd'hui (NDLR en date du 26 décembre 2019) 560 000 personnes déplacées internes. 95% de ces déplacés internes sont des régions du Nord, du Sahel, du Centre-Nord, de l'Est et de la Boucle du Mouhoun », précise Laurence Ilboudo/Marchal, ministre de la Solidarité nationale.
Sur le plan éducatif, on a assisté à la fermeture de plusieurs écoles en raison de la menace terroriste. « Nous avons 2087 écoles fermées du fait du terrorisme. C'est pour moi l'occasion d'avoir une pensée pour les enseignants qui ont souffert le martyre dans cette crise sécuritaire puisque 10 d'entre eux ont perdu la vie. Le gouvernement fait des efforts. C'est pour cela que nous avons réussi à faire rouvrir 711 écoles », a indiqué Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères, sur Radio Burkina le 30 décembre dernier.
2019, l’année la plus meurtrière au Burkina Faso. Des attaques répétées contre les Forces de défense et de sécurité, les lieux de culte, les civils.
« L’année 2019 est déjà la plus meurtrière avec au moins 428 victimes dont plus de la moitié (254) entre juin et début novembre », lit-on dans l’étude menée par Julien Cann et Tiphaine Manson, analystes au sein du pôle radicalisation et terrorisme au Centre international de recherche et d’analyse, une structure du think tank « Ambassadeurs de la jeunesse ». Dans son message à la Nation le jeudi 7 novembre 2019 consécutif à l’attaque terroriste contre un convoi de la société minière SEMAFO qui a fait 38 morts mercredi 6 novembre, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a annoncé le recrutement de volontaires chargés de la défense dans les zones sous menace.
Au niveau judiciaire, c’est en 2019, précisément le 15 septembre, date anniversaire du pronunciamiento, qu’a pris fin le marathon judiciaire du procès du putsch manqué, même s’il importe de souligner que certains accusés ont fait appel du verdict rendu par le président du tribunal militaire, Seydou Ouédraogo.
Au niveau social, depuis avril dernier, le très sensible secteur de la santé est en proie à des mouvements d’humeur des agents. Ces derniers exigent du gouvernement burkinabè la mise en œuvre du protocole d’accord signé en mars 2017. Des sit-in aux grèves en passant par « l’opération caisses vides », les actions de lutte du Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) étaient multiformes. Le SYNTSHA a annoncé la suspension de so n mouvement d’humeur en cours à compter du vendredi 8 novembre 2019. Il a justifié cette suspension des actions des luttes en cours par « la reprise des négociations avec le gouvernement » et en guise de bonne foi.
Au niveau politique, on retient le dialogue politique entre l’opposition politique et la majorité présidentielle, du 15 au 22 juillet 2019, au palais présidentiel de Kosyam. Initié par le président du Faso, le dialogue tant attendu par les acteurs politiques s’est terminé par la restitution des conclusions au chef de l’Etat, qui a indiqué que les défis auxquels est confronté le Burkina obligent les responsables politiques à se parler «franchement, sans fuite en avant, ni ruse, pour trouver les solutions appropriées et durables aux questions» examinées au cours de cette rencontre. «Pour une première, c’en est une, en dépit du pessimisme qui entourait l’idée de cet exercice», s’est réjoui Roch Marc Christian Kaboré, notant que c’est avec «beaucoup de satisfaction que nous accueillons les conclusions de ce dialogue».
Aly Tinto